Au cœur de l’éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Reportage

Si vous vous trouvez dans la zone d’un volcan en éruption pour capturer ces instants et que vos pieds deviennent chauds, alors vous ne devriez pas vous trouver à cet endroit précis. Ce conseil est l’œuvre de Mike Mezeul qui a photographié le volcan Kilauea sur la grande île d’Hawaï entre mai et juin 2018 à l’occasion de deux voyages d’une durée de 14 jours. Découvrez une sélection de photographies extraites de son reportage.

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Ce photographe expérimenté dans le domaine des intempéries et des catastrophes naturelles était accrédité pour couvrir cette actualité et à l’instar des autres médias il n’a été autorisé à pénétrer dans la zone que sous escorte de la Garde Nationale. Il raconte alors : « J’avais très peur car j’étais déjà las-bas en 2016 mais la situation était très différente cette fois. Nous avions besoin de casques car des objets tombaient du ciel, des fissures s’ouvraient dans le sol et des choses explosaient autour de nous. On nous a dit dès le premier jour qu’aucun être humain ne devrait aller où nous allions car même avec l’armée il n’était pas possible de garantir qu’il serait possible de venir nous secourir en cas de besoin. »

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul
Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Trouver le bon angle pour capturer ces instants

L’expérience de Mike lui a permis d’accéder à la zone sous surveillance via les airs et la mer avec des hélicoptères et des bateaux. Il précise « Vous êtes autorisé à prendre vos propres dispositions en matière de location ou d’affrètement d’hélicoptères et de bateaux », explique t-il, « mais ces sociétés sont également soumises à une réglementation très stricte ». En effet il existe des restrictions de vol temporaires dans la zone sinistrée, ici il n’était pas possible de descendre au delà des 3000 pieds car ces altitudes basses sont exclusivement réservées aux secours qui viennent en aide aux habitants de ces zones.

La partie vraiment effrayante selon lui : « Le pire ce sont les gaz dans l’air que vous ne pouvez pas voir. Il y a une quantité abondante de dioxyde de soufre dans l’air et cela peut être mortel. Plus vous êtes haut, moins vous avez de chance de le rencontrer mais il faut une vraie compétence en matière de lecture du vent pour appréhender la circulation des gaz afin de s’en éloigner au maximum ». Les gaz présents au sol sont également très dangereux ce qui implique pour les médias de prévoir leurs propres équipements de protection. Sans cela, il est interdit de circuler dans la zone car il est impératif de posséder un équipement respiratoire, une protection pour les yeux et un casque.

Pour réaliser cette prise de vue, vous devez constamment garder à l’esprit tout ce qui peut vous nuire. Il raconte cette expérience : « J’étais terrifié, je ne vais pas vous mentir. J’ai hésité toute la nuit avant de réserver mon vol car si j’y allais je savais à quoi je serais confronté : maisons en flammes, explosions de méthane, fissures dans le sol et coulée de lave rapide. A plusieurs reprises nous avons dû évacuer en urgence car la lave avait franchi une barrière. Je me souviens d’avoir été précipité à l’arrière d’une camionnette à plus de 110 km dans les quartiers résidentiels pour essayer de se mettre à l’abri ».

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul
Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Une prise de risque maximale

Alors pourquoi prendre ce risque ? Il répond « Garder les photographes en sécurité est essentiel pour documenter cet événement catastrophique. Le maire d’Hawaï voulait que la presse soit présente, il voulait que les gens voient ce qu’il se passait. L’ampleur de la catastrophe, son intensité et sa dangerosité étaient incroyables. J’ai entendu dire que selon USGS (UK States Geological Survey), c’était la lave la plus chaude jamais enregistrée dans une zone résidentielle. »

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Les officiers de la Garde Nationale, composée de volontaires, guident et protègent les médias dans ces événements. Il insiste : « Aucune de ces images ne seraient possibles sans eux car ils savaient exactement où nous emmener, où étaient les points d’intérêt et comment nous faire sortir. Ils surveillaient les niveaux de souffre et les dangers potentiels. Sans ces trois personnes que je souhaite nommer : Major Hickman et les sergents Jackson et Ching, nous n’aurions pas pu faire ce que nous avons fait. »

Les raisons pour lesquelles Mike était là étaient complexes, il y avait un aspect scientifique et humain à la fois pour comprendre ce que vivaient ces personnes et partager ces images pour faire prendre conscience que ces personnes ont besoin d’aide, qu’elles ont tout perdu. Je voulais à la fois montrer la puissance de la nature mais aussi raconter l’histoire des personnes qui vivent cela. »

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Se tenir prêt à tout moment

« J’ai choisi un équipement assez lourd car je devais emporter en permanence dont ce dont j’allais avoir besoin pour m’adapter en temps réel. » Il portait ici un Nikon D850 et un D810, un trépied pour les poses longues mais aussi un certain nombre d’objectifs Nikkor, du 14-24mm au 200-500mm. « Je savais que chaque circonstance allait être différente et fonction de la situation du jour. Le premier jour, nous avons réussi à nous éloigner d’une centaine de mètres d’une fissure en éruption. Dans ce cas je shootais en 24-70mm ou 70-200mm. Ensuite, il y avait des images de personnes debout au milieu de la route juste à côté d’une fissure avec le 14-24mm. Quand j’étais en hélicoptère, je n’utilisais que des optiques 200-500mm. »

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Conserver un équilibre

Pour insister une dernière fois sur la dangerosité de cette photographie, nous lui avons demandé comment il parvenait à conserver l’équilibre entre sa concentration pour prendre des photos et sa conscience des dangers dans des situations qui évoluent rapidement. « Il en va de même pour ce que j’ai appelé la séparation entrer penser à la photographie et penser au fait de rester en vie. », dit-il. « Les officiers de la Garde Nationale ont surveillé nos arrières mais nous devions toujours savoir où nous allions marcher et ce qu’il se passait. La première chose que j’ai faite quand je me suis rendu sur les lieux était d’analyser les dangers. Ensuite, je ré-analysait immédiatement la situation après un changement important. C’était si rapide qu’en 30 secondes il y avait de la lave là où il n’y en avait pas et quand on fait ce genre de photo, on ne peut pas se permettre d’être pris par surprise. »

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

La photo impossible

Mike Mezeul a pris cette photo en 2016 lorsque le volcan Kilauea était actif, mais pas à la mesure de son éruption de 2018. La plupart des gens qui l’ont vu sur Internet ont pensé qu’il s’agissait d’un faux mais ce n’est pas le cas. « Tout le monde a perdu la tête à cause de cette photo », explique Mike « De la lave rafraîchissante, de la lune, de la voie lactée, de Mars et de Vénus, d’une torche en iridium et de la lueur de lave qui pénètre dans l’océan – tout cela en un coup, ce que tout le monde a jugé impossible. »

Mais quoi que ce soit – chance, providence, bon endroit au bon moment (« environ dix heures », se souvient Mike) – ce n’était certainement pas impossible. Tout se passait au moment où il a pris l’image. Décomposons : la lave, la lune et la voie lactée n’ont pas besoin d’explication. La torche iridium à gauche de la Voie lactée, par contre, pourrait être une torche satellite qui se produit lorsque les antennes d’un satellite iridium capturent et réfléchissent la lumière du soleil. L’iridium est un métal blanc argenté, parfait pour son rôle de proue et de reflet sur cette photo. Mars et Vénus sont visibles à droite de la Voie Lactée sur une ligne horizontale située aux environs de neuf heures et presque trois heures.

Mike a réalisé cette prise de vue avec un Nikon D810 et un ED AF-S NIKKOR 14-24 mm f / 2,8 G, à 25 secondes, f / 2,8 et ISO 2500, avec l’appareil réglé pour l’exposition manuelle et la mesure matricielle.

Au cœur de l'éruption du volcan Kilauea avec Mike Mezeul

Mike Mezeul

Ce photographe expérimenté dans le domaine des intempéries et des catastrophes naturelles était accrédité pour couvrir cette actualité et à l'instar des autres médias il n'a été autorisé à pénétrer dans la zone que sous escorte de la Garde Nationale.

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  1. Berthet Patrick dit :

    Bonjour

    Comment vous faire parvenir un projet ?

    • Alexandre Dino dit :

      Bonsoir Patrick,
      Vous pouvez nous transmettre plus d’informations sur votre projet via la rubrique « contact » tout en bas de la page.

  2. Marchetti dit :

    Splendides clichés de la beauté brutale d’une éruption volcanique.

  3. Dumoing dit :

    Super reportage.
    Un collègue m’a fait remarquer que dès fois pour éviter certain risque pour le photographe et les équipes ne serait-il utile d’utiliser un drone.
    En tous cas bravo .