Alors que s’ouvrira dans quelques jours la 25e édition du Prix Bayeux Calvados-Normandie des Correspondants de Guerre, Nikon a souhaité offrir au public du Plaza une large rétrospective du photographe Prix du public l’année dernière : Antoine Agoudjian. Il est exposé dans l’espace parisien du 2 au 13 octobre.
Trente ans de photographie présentées en près de 150 images. L’exposition qui se tient au Nikon Plaza n’omet aucun des multiples reportages réalisés par Antoine Agoudjian. Tout débute en 1988, quand après le tremblement de terre qui secoue l’Arménie Antoine Agoudjian se rend pour la première fois sur la terre qui a vu naître ses grands-parents. Il est alors logisticien et interprète pour une ONG. Il va se découvrir une passion pour la photographie et un besoin viscéral de témoigner et de faire reconnaître la mémoire arménienne.
Arrivés en France par bateau dans les années 1920 avec le statut d’apatride, les grands-parents d’Antoine n’ont eu que des mots pour raconter le génocide infligé à leur peuple. Dès la fin des années 80, le photographe s’attache alors à produire des images pour créer une fresque mémorielle de son histoire. De son premier voyage, Antoine Agoudjian publiera un ouvrage, Le Feu sous la Glace, édité en 1990 aux Éditions Parenthèses. En 1992, sa rencontre avec Robert Doisneau lui ouvre les portes de l’agence Rapho et lui permet de produire un deuxième livre, Portraits des Restos du Coeur chez PO Calmann Levy. Dès l’année suivante, il retourne en Arménie pendant le blocus exercé par l’Azerbaïdjan. Ses multiples voyages donneront naissance en 1999 à un troisième ouvrage, Rêves Fragiles, chez Actes Sud. Cette année là, il est l’un des lauréats du prix Oscar Barnack et expose à la Grande Arche de la Défense. En 2006, Robert Delpire l’intégrera aux côtés des plus grands dans la célèbre collection Photo Poche chez Actes Sud avec Les yeux brûlants. En 2011, il est le premier photographe à exposer en Turquie, à Istanbul, dans la galerie du mécène Osman Kavala, arbitrairement incarcéré depuis octobre 2017 pour son action culturelle et philanthropique auprès des minorités opprimées en Turquie.
Depuis 2015, centenaire du génocide arménien, Antoine Agoudjian poursuit son travail en couleur et en numérique. La publication cette année là de son livre Le Cri du Silence, chez Flammarion et la tenue d’une importante exposition en Turquie organisée par la municipalité kurde de Diyarbakir, marquent un tournant dans son travail. Désormais, il couvre des événements d’actualité à la recherche, dans chacun, d’un parallèle avec l’histoire des peuples martyrs. Il réalise ainsi une symbiose entre mémoire et histoire, témoignant du chaos engendré par les guerres et surtout des conséquences sur les populations. Pour lui, montrer la souffrance des autres peuples, c’est évoquer celle dont il est l’héritier. En 2017, il est élu par le public au Prix Bayeux Calvados-Normandie des Correspondants de Guerre pour son reportage « À la conquête de Mossoul Ouest ».
Tout son parcours est ainsi présenté au Nikon Plaza sous la forme de six diaporamas réunissant près de 150 photographies en noir et blanc et en couleur. Le public appréciera les compositions mais aussi le traitement soigné des contrastes et des couleurs que le photographe applique avec soin sur chacune de ses images.
« Antoine Agoudjian, Mémoire » du 2 au 13 octobre 2018 au Nikon Plaza, 99 boulevard Raspail 75006 Paris.