Cela fait maintenant 4 hivers consécutifs qu’il voyage en Laponie, ce territoire haut perché niché entre l’extrême ouest russe et la Norvège. Si ce n’est pas un pays à proprement dit, elle est néanmoins la terre ancestrale du peuple Sami, éleveurs de rennes semi-nomades pour certains encore aujourd’hui. Les photos qui vont suivre sont un condensé de toutes les aventures vécues par le photographe Pierre Destribats depuis ces 4 hivers et tout autant de souvenirs qu’il nous raconte.
« Cette contrée nordique me fascine. Comment ne pas être émerveillé par ses lumières hivernales si douces contrastant avec la rigueur du climat, ses draperies nocturnes, ses paysages singuliers, la gentillesse de ses habitants et le bonheur qu’ils transpirent.
En 2015 j’écrivais un article pour Nikon dans lequel je finissais par « A moyen terme, j’aimerais organiser des workshops photo à l’étranger, si encore des gens veulent bien me suivre. » Ce rêve est devenu réalité depuis puisqu’avec mon acolyte Nico nous avons créé notre propre agence de voyage photo. J’y retourne donc à présent chaque hiver, accompagné de groupes de photographes, ces chasseurs de rêves, pour leur faire gouter et partager ces émotions et frissons venus tout droit de l’arctique. »
« Cette photo prise il y a 3 ans en Finlande, non loin de la frontière russe, a marqué le début de cette aventure et surtout le début de cette passion pour les territoires arctiques. L’instant était mythique, entre les lumières dansantes dans le ciel et celles du grand feu allumé pour tenter de se réchauffer, l’épais manteau blanc et la petite cabane en bois blotti dans cet écrin si fragile. »
« Il y a 2 ans, alors que nous étions en plein tempête sur une plage des Iles Lofoten en Norvège, une personne à l’eau attira mon œil : un surfeur… ! C’est le genre de moment, en tant que photographe de paysage, qui vous fait sortir de votre zone de confort : alors que tout était bouché autour de nous, l’éclaircie divine si propre aux iles Lofoten se faisant attendre, il fallait trouver un sujet pour retranscrire ce moment. Les conditions étaient complétement démentes dehors, mais il était là, paisible, bercé par une houle propre arrivant du nord, attendant la vague. Je n’ai jamais pu retrouver cette brave personne, alors si jamais il lit cet article, qu’il se manifeste. »
« La nuit en Laponie, quand vous attendez les aurores (si encore elles se montrent), il faut trouver d’autres terrains de jeu. Ce soir-là en Finlande, c’est la lune qui s’était donnée en spectacle avec ce halo crée notamment grâce au voile nuageux dans le ciel. »
« Un des lieux uniques que nous parcourons durant notre stage photo en Laponie est ce lac immense en Suède complètement pris par la glace. Mais étant un lac de barrage, le niveau d’eau s’abaisse au fur et à mesure de l’hiver, laissant son épaisse calotte glaciaire se briser sur les hauts fonds rocheux. Ce lac Baïkal suédois est un endroit fascinant ne laissant personne indifférent. Lorsque vous êtes seul, debout sur la glace au milieu du lac, le vent glacial s’engouffrant dans votre capuche, les mots sont faibles pour décrire les émotions et sentiments qui vous traversent. Vous regardez le soleil se coucher derrière la montagne sacrée, les couleurs changer, vous entendez le grondement sourd de la glace qui se fissure par endroits… les forces en présence sont colossales, de quoi rester humble face à Dame Nature. »
« Parfois une photo n’est pas la plus représentative des conditions vécues. Sur cette plage des Lofoten, cette soirée a été marquée par une des plus grosses aurores du voyage. J’ai pris cette photo en toute fin d’activité, alors que la pleine lune éclairait la scène et que le vent glacial balayait la plage, dessinant ces structures sur le sable. On se rappelle encore de cette heure de folie passée, pour ma part, à courir partout pour trouver le cadrage qui me plaisait ; c’est d’ailleurs là tout le dilemme en photo d’aurore boréale : trouver le spot et ne plus le quitter jusqu’à ce que ça « pète » pour faire LA photo ou bien suivre les lumières dansantes et trouver un cadrage au dernier moment avec un beau premier plan qui vous parle ? Vaste question mais peu importe, le principal est d’apprécier et surtout vivre ce moment unique. »
« Pour le départ cet hiver, alors que j’utilise depuis 4 ans un D800, Nikon m’a très gentiment offert la possibilité de tester son dernier né, le Nikon Z7. Même si personnellement je suis très content de mon boitier, ce nouvel hybride m’a quand même impressionné, notamment sur sa dynamique et sa résolution. Il a également très bien tenu dans le froid et c’est peu de le dire puisque nous avons atteint la température de -35°C.. ! Cette scène a été photographiée en Finlande, non loin de la frontière suédoise par une fin de journée glaciale. Tout est blanc immaculé, les couleurs s’adoucissent, le calme est total. Les derniers stagiaires sont restés avec moi pour essayer de capter les dernières lumières avant de redescendre au chaud. »
« Ce dernier voyage en Laponie, en février dernier, a été marqué par une grosse activité nocturne tout au long du séjour, autrement dit nos chasseurs de rêves ont été gâtés ! Le Z7 monte bien en ISO et il m’est souvent arrivé de monter à 6400 voire 12800 ISO pour éclairer au maximum la scène et pouvoir ainsi compenser en augmentant ma vitesse d’obturation, parfois à 3 ou 4 secondes, dans le but de figer le mouvement rapide de l’aurore. Et c’est bien là le gros avantage des nouveaux boitiers et de leur montée en ISO ! Après, vous pouvez toujours gagner de la lumière avec l’ouverture, encore faut-il avoir une optique bien lumineuse. Je n’ai pas pu tester les nouveaux objectifs Z mais la bague FTZ m’a permis d’adapter notamment mon Nikkor 16-35mm f/4 qui était très souvent vissé sur le Z7.
Les endroits où l’eau n’est pas transformée en glace en hiver sont plutôt rares et celui-ci, photographié en Finlande, en est que plus étonnant puisque l’eau est relativement calme donc beaucoup plus en proie à la formation de glace. Pourtant, comme expliqué, plus haut, ce n’est pas le froid qui a manqué là-haut cet hiver. Cette petite étendue d’eau est une aubaine pour le photographe que je suis puisque vous pouvez vous amuser avec les reflets, ici des épinettes comme on dit au Québec. Cet arbre que j’affectionne particulièrement me rappelle justement mes escapades au Québec, au Yukon et en Alaska il y a bientôt 10 ans ; d’ailleurs, c’est cette première rencontre avec les milieux arctiques qui, je pense, m’a noué à jamais avec ces ambiances, à l’aventure et à la photographie évidemment. »
Vous pouvez retrouver toutes les infos sur le voyage photo en Laponie qu’ils proposent à l’adresse ICI et son travail en général sur son site www.pierredestribats.com
Bravo de très belles images remarquablement bien maîtrisées. Ce voyage est un rêve pour moi. Merci d’y avoir montré par de belles photos ce magnifique pays.