Janske Kaethoven n’a que 12 ans quand ses parents lui offrent son premier appareil. L’objet le fascine. Après quelques clics, il mesure le pouvoir de ces clichés et c’est le déclic. Il vient tout juste de figer ses premiers moments et cette obsession ne le quittera plus. Portrait d’un homme d’instants et d’instincts.
Aujourd’hui photographe et designer freelance, il n’a rien perdu de son âme d’enfant. Que ce soit sur le plan professionnel ou personnel, la magie et la passion opèrent toujours. “J’adore savoir que c’est à la fois un art et un moyen de capturer des souvenirs”.
S’il sait provoquer son destin, Janske Kaethoven n’est pas homme qui aime forcer les choses. Sa carrière a d’ailleurs décollé naturellement, bien boostée par Instagram, réseau grâce auquel il a pu faire de belles rencontres, exposer, et décrocher quelques contrats. Mais rien ne le tourmente plus que de devoir réaliser des clichés pour lesquels il n’est pas inspiré. Hanté par la routine qui nuit à sa créativité et le rend moins alerte, il admet ne pas vraiment avoir de méthode ou d’approche spécifique. Même s’il a parfois en tête une idée bien précise qu’il essaye de retranscrire en images, il préfère volontiers l’effet de surprise, la poésie inattendue de la vie de tous les jours.
« Les meilleurs moments sont ceux où je perds toute notion de temps et d’espace »
Attiré par les belles lumières, là où tout commence, il vogue au gré de ses envies, tel un sac plastique dansant au vent (voir ses Plastic Fantastic Series), à la rencontre de l’imprévu, de ces moments qu’il chérie tant, gravitant à l’affût de cet instant évanescent dont il cherche à capturer l’essence pour donner à ses photos une plus-value émotionnelle.
« Les meilleurs moments sont ceux où je suis tellement happé par une situation que je perds toute notion de temps et d’espace. Au bon endroit au bon moment : ces moments parfaits, imprévisibles, et qui n’arrivent qu’une fois dans une vie. Alors ma seule volonté quand je fais un cliché, c’est de tenter de retranscrire au mieux ces émotions pour les faire ressentir à ceux qui verront cette photo.”
« Seul, libre, vivant »
Et pour capter ces moments rares, Janske peut compter sur son D800 (il voue une fidélité naturelle à Nikon depuis son premier F3 argentique) pour la plupart des situations. À la ville, comme dans les grands espaces. Car Janske n’hésite pas à partir loin du tumulte et des distractions du quotidien qui saturent nos sens. Et parfois même très loin, vers des contrées retranchées, des déserts inhospitaliers où règnent ce silence qu’il écoute religieusement. Des scènes comme il a en a vu chez Wim Wenders, Frederik Buyckx ou Benjamin Hardman. Un voyage vers l’inconnu où il aime se sentir “seul, libre, et vivant”, ce sentiment unique et ultime, graal du voyageur.
Car ces voyages qui stimulent sa créativité sont tout aussi introspectifs. Partir loin pour mieux se retrouver, la nécessité de se challenger et de se reconsidérer, un devoir de modestie pour se rappeler à quel point nous sommes petits dans ce monde. Comme Harry Gruyaert (un autre de ses mentors) qui quitta lui aussi sa petite Belgique pour se confronter à d’autres réalités quand il comprit que son expression personnelle trouverait sa source dans les voyages – et qui détestait lui aussi se contenter d’“assurer un reportage”.
Et les voyages de Janske sont loin de s’arrêter. Après une excursion sauvage aux Hebrides et un road trip glacial à travers sa chère et tendre Scandinavie, on devrait le retrouver sous des latitudes encore plus obscures avec son projet de photographie nocturne conceptuelle, probablement quelque part entre Jan Rosseel et Gilbert Garcin…
Pas de « s » à quatre (c’est juste pour rendre service, ne vous vexez pas).
Erreur corrigée, merci à vous !