Frédéric Froger, photographe de Golf, a testé pour nous le 180-400mm

Interview

Le photographe professionnel Frédéric Froger a accepté de tester pour nous le nouveau 180-400 mm dans son exercice de prédilection : le Golf. Il revient pour nous sur son expérience, les spécificités de cette discipline et son avis sur cette optique qu’il a testé au golf PGA Catalunya Resort de Gérone.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai reçu mon premier boitier et développé mon premier film à l’âge de 11 ans et découvert pour la première fois une chambre noire à l’âge de 12 ans. Mon père était directeur commercial de « Rodagon France », les meilleures optiques d’agrandisseur de l’époque. J’ai été initié à la photographie par mon professeur de CM2 lors d’un exercice de groupe, un stage pour ceux qui ne partaient pas en vacances. De mon côté je n’étais pas du tout intéressé mais mes copains y allaient, j’ai donc décidé de suivre.

La première journée était dédiée à la photographie et je n’y voyais aucun intérêt. Le deuxième jour était réservé au développement de nos films en chambre noire et là aussi, aucun intérêt pour moi. C’est au bout du troisième jour, toujours dans la chambre noire après le choix d’une photo au moment de la plonger dans le bain révélateur, que ce fut une révélation absolue pour moi.

Par la suite, j’ai demandé un appareil en cadeau et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai été lauréat des photographes de moins de 25 ans en noir & blanc et couleur à 17 ans. J’ai ensuite suivi une filière optique pour préparer un bac F10 avant de partir aux États-Unis pour devenir grand reporter.

J’ai vécu à Miami pour faire un sujet consacré au trafic de drogue. Je concentrais mes recherches sur l’aéroport d’Opa-Locka où l’ensemble des avions impliqués étaient réquisitionnés. C’était en 1982, au moment où Ronald Reagan, président des Etats-Unis, faisait face à une immense grève des contrôleurs aériens aux États-Unis qui allait me permette de me rapprocher de la PATCO et de rencontrer le responsable du AFL-CIO (American Federation of Labor – Congress of Industrial Organizations), le syndicat des syndicats là-bas. Cela me permettra de couvrir la mise en place des militaires pour remplacer les 11 359 salariés remerciés par le gouvernement alors que les plus grands médias avaient interdiction d’en parler. Ce reportage sur les militaires américains dans les tours de contrôle a fait le tour du monde alors qu’il était interdit de diffusion aux USA. Je suis ensuite passé par l’investigation en France, c’est à ce moment-là que j’ai tout appris avant d’arrêter le métier pendant quelques années pour me concentrer sur d’autres projets personnels.

Pourquoi travailler avec Nikon ?

J’ai toujours travaillé en Nikon mais pendant ce break, j’ai eu la chance de monter une société d’information, qui fait partie des Hall of Fame aux Etats-Unis, dédiée à l’une de mes passions, le Golf. Tout cela m’a permis de compléter ma connaissance photo par la maîtrise de la gravure numérique et l’impression. C’est à cette occasion, lors des débuts d’internet, que j’ai repris mon 400mm car j’avais besoin d’illustrer mon site avec des photographies de Golf.

A l’époque, je travaillais avec des Nikon F3P et un 400mm qui commençait à dater. On m’a présenté à l’équipe de Nikon France pour leur proposer un projet lié à ma connaissance sur les scanners car le sujet commençait à apparaître mais restait très complexe à appréhender. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à collaborer avec Nikon, notamment sur la colorimétrie et plus précisément le vert que je travaillais beaucoup. C’est encore le cas aujourd’hui, que ce soit pour du retour d’expérience sur les produits professionnels ou pour établir le moteur de rendu couleur des boîtiers en direct avec le Japon.

Tom Guéant - PGA Catalunya Resort Gérone
Tom Guéant

Quelles sont les particularités de la photographie de Golf ?

Il est important pour moi de commencer en précisant qu’il existe plusieurs types de photographie de Golf. La plus spécifique de mon point de vue est la photographie de tournoi, qui est très réglementée. Il est possible de la comparer à la Formule 1 avec tout un petit monde qui change d’emplacement chaque semaine. Dans ce barnum, il y a des photographes et des journalistes accrédités à l’année dont je fais partie avec des règles à respecter : interdiction d’adresser la parole aux joueurs ou encore le fait de devoir se positionner à un bras de la corde qui délimite le parcours, c’est la fameuse règle appelée « one arm inside the ropes » pour éviter que 40 photographes piétinent les herbes hautes du parcours, destinées à pénaliser les joueurs, en suivant un petit chemin. Il y également des moments autorisés pour shooter, sous peine d’être exclu.

Comment gérez-vous le problème de distance ?

La seule chose qui est demandée à un photographe pour être accrédité sur une compétition, c’est de posséder à minima un 300mm. J’ai bouleversé les codes de la photographie de Golf car je suis arrivé avec une autre idée et des produits tel que le 600mm qui est devenu la référence maintenant. Le poids n’est pas un inconvénient dans cette discipline, bien au contraire car il faut un objectif suffisamment lourd pour conserver un équilibre nécessaire et résister à des rafales de vent, problème fréquent sur un parcours. J’ai également testé le 800mm qui est, par exemple, trop léger, trop long pour être utilisé de manière optimale dans ces conditions. J’utilise toujours le 600m en vent contraire et un accessoire spécial qui permet de réduire le bruit car cela peut déranger les joueurs. Je fais mon cadrage avec mon monopode et ensuite je shoote blind (ndlr : sans mettre l’œil au viseur) en 14 vps.

Tom Guéant - PGA Catalunya Resort Gérone
Tom Guéant

Vous avez eu l’occasion de tester récemment le nouveau 180-400mm, qu’en avez-vous pensé ?

Je trouve les résultats très bluffants alors que je l’ai emprunté sans conviction, simplement pour savoir ce dont il était capable car j’utilise à 95% du temps le 600mm qui convient parfaitement à ma spécialité. Ce qui m’intéressait, c’était avant tout la proximité pour faire du portrait, ce que je fais actuellement au 600mm et au 200mm F/2.

Après le test, je peux dire que c’est l’optique absolue car elle permet de faire de la proximité et d’ouvrir l’angle au besoin pour capturer tout ce qu’il se passe autour. Elle permet de travailler avec les qualités d’un 200mm mais également resserrer directement s’il se passe quelque chose. En portrait c’est l’une des meilleures optiques que j’ai eu l’occasion de tester à très forte ouverture. Pour se rendre compte de la qualité de cette optique, il faut absolument regarder les fichiers à 100%. En proximité, c’est-à-dire tout ce qui est proche et très proche, c’est extraordinaire.

Pour le Golf particulièrement, c’est l’optique parfaite selon moi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

  1. Dejouy dit :

    BRAVO et MERCI pour votre très intéressante présentation et expérience.
    J’aime bien « le persimmon » de votre photo d’accueil. Il a fière allure mais c’était un autre temps,(plus de vingt ans qu’il n’est plus fabriqué) mais reste la marque d’une « belle époque de golf », les artifices technologiques actuels n’avaient pas d’existence, bien entendu. La « compensation » était un terme inconnu , pour les clubs joués, je pense aussi.
    Votre parcours est exceptionnel et j’en suis admiratif et presque jaloux.
    Passionné de golf encore aujourd’hui et depuis seulement vingt ans.Oui j’ai commencé seulement à l’age de la retraite ou très peu de temps avant.
    Tout comme vous très jeune j’ai « baigné » dans une famille qui aimait la photographie.Grace à mon frère ainé de 9 ans de plus, très jeune il a construit son labo argentique à la maison dans une petite pièce un peu délaissée mais équipé avec un lavabo. Il m’invitait à découvrir ses travaux bien sagement sans bouger ni rien toucher si ce n’est qu’avec les yeux et je ne m’en privais pas tant ce « miracle » pour mes jeunes années étant fascinant.
    Plus-tard, j’appris à comprendre cette magie mais mon esprit était marqué par elle.Un oncle vivait au Maroc à Casablanca et était fan de photos également il en a fait son métier en travaillant pour la société KODAK comme commercial pour l’Afrique du Nord.
    C’est encore à la retraite et seulement que je me décidai enfin de gouter à cette belle discipline.J’ai eu la chance d’apprendre au sein d’un photo club proche de chez moi et ou un professionnel entre autres expérimentés diffusaient leurs connaissances.Nous sommes devenus amis et j’ai donc appris sur le « terrain » avec lui.
    De fil en aiguille, je me suis fait remarquer dans les sorties de golf avec un groupe de fidèles mordus par la petite balle blanche et pour lesquelles j’utilisai mon appareil photo.
    Enfin la direction de mon club de golf me proposa ensuite de réaliser les reportages des remises de prix et enfin des photographies pour leur plaquette publicitaire du parcours.
    Sauf qu’une nouvelle direction est arrivée en juillet dernier et elle ne souhaite pas utiliser mes services car pour eux la photographie se fait avec un i Phone, vous voyez comme le persimmon il faut faire avec son temps.Nul doute qu’ils auront encore besoin de vraies photographies pour leur plaquette mais…..patience.(Le directeur à 24 ans et ne jure que par son i phone)
    Je n’ai pu m’empêcher de vous écrire car chacun à ses petites histoires mais que bien que très loin de votre riche expérience il y a néanmoins un plus ou moins lointain « rapprochement » dans les passions.
    J’espère que je ne vous aurai en tout cas pas trop ennuyé.
    J’ai retenu que pour un bon reporter de golf il devait posséder un 120-400 mm c’est effectivement un polyvalent adapté aux nombreuses situations au golf et j’en prend bonne note.J’ai un ami qui souhaite se séparer d’un vieux 300mm nikon que j’ai toujours repousser le trouvant très lourd mais votre remarque concernant le poids en situation de vent est très pertinente.
    Est-il possible d’accéder à vos photos sur les golfs (un site?)
    S’il vous plait?
    Cordialement.