Focus sur le Nikon F : le boitier par où tout a commencé

Histoire

Focus sur le boitier qui a établi l’assise de Nikon dans la culture photographique et populaire. Une référence, prisée par les reporters de l’époque et toujours recherchée par les collectionneurs. Premier réflex SLR plein format de la marque, instigateur de la baïonnette F, doté d’une foule d’objectifs, sans cesse amélioré sans être renié. L’histoire de la photo ne serait pas la même sans le Nikon F.

Au sortir de la seconde Guerre Mondiale, la technologie SLR (Single Lens Reflex / ou réflex mono-objectif, servant à la fois à la visée et à la prise de vue ), bien que déjà disponible, n’est pas encore devenue le standard des professionnels. Et pour cause, les boitiers SLR 35 mm alors sur le marché ont la réputation d’être très contraignants, lourds d’utilisation surtout par l’absence de miroir à retour instantané et de diaphragme automatique qui obligent l’utilisateur à intervenir entre chaque prise de vue.

Les leaders sur le marché professionnel de la photographie sont alors les entreprises allemandes : Leica, Rollei, Contax et les optiques Zeiss Ikon. Les fabricants japonais, Nikon en tête, n’allaient pas tarder à inverser la tendance…

Les appareils télémétriques ont alors encore un bel avenir. Nikon (alors encore sous son nom Nippon Kogaku K.K) a sorti le Nikon SP en 1957. Le SP considéré encore comme le nec plus ultra de l’époque servira ainsi de base pour le développement du boitier F la même année. L’ingénieur en chef Masahiko Fuketa et le designer Yusaku Kamekura forment une équipe.

Projet Nikon F

Après 2 ans de recherches, le boitier F est présenté en avril 1959. Au même moment les concurrents Minolta et Canon sortent également un SLR 35 mm mais ils ne font pas le poids face au Nikon F et ses multiples accessoires déjà disponibles.

Le SLR 35 mm de référence 

Les ingénieurs de chez Nikon ont réussi à concentrer au sein d’un même boitier les meilleures avancées technologiques disponibles en les poussant à leur paroxysme : viseurs pentaprismes interchangeables, miroir à retour instantané, optiques interchangeables montées sur baïonnette.

Ils ont aussi pris le soin de penser l’ergonomie du boitier pour satisfaire à l’exigence première de facilité d’utilisation des photographes. C’est ce qui séduit d’emblée les professionnels, qui commencent sérieusement à s’équiper en Nikon : un modèle fiable, entièrement mécanique, robuste, compact et pleinement opérationnel pour s’adapter à toutes les situations.

Le Nikon F est aussi le premier SLR à proposer une visée à 100% de l’image. Le photographe visualise parfaitement ce que l’objectif voit. Une caractéristique commune aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas à l’époque. 19 verres de visée interchangeables sont également proposés.

1er SLR 35 mm motorisable

Nikon innova également avec la possibilité d’ajouter un moteur au boitier pour permettre au photographe de tirer jusqu’à 4 images par seconde. Le Nikon F devint ainsi le premier boitier SLR 35 mm à proposer cette technologie. Une prouesse qui sera poursuivie par l’ajout d’un dos dateur de 250 vues, solution idéale pour les photographes de sport.

La baïonnette F

Le Nikon F est le boitier qui introduit la fameuse baïonnette F pour les objectifs, acte de naissance du standard loué par les utilisateurs : la compatibilité des objectifs. Une monture encore inchangée à l’heure actuelle et qui symbolise pleinement le respect et l’écoute de Nikon pour ses clients.

Le Nikon F propose ainsi d’emblée un parc d’objectifs Nikkor très étendu, du 21 au 1000 mm ! Originellement, le F fut introduit avec le 21 mm f/4, le 28 mm f/3.5, le 35 mm f/2.8, le 50 mm f/2, le 105 mm f/2.5 et le 135 mm f/3.5. Suivront entre autres 180 mm f/2.5, le 250 mm f/4, le 500 mm f/5, ou le fameux 1000 mm.

Comme le rappelle Thierry Ravassod, photographe et grand collectionneur de la marque, « le F a été le 1er système photographique digne de ce nom proposé par Nikon ». Peut-être que le secret du succès du Nikon F réside dans sa constante capacité à évoluer pour s’adapter aux innovations, sans obliger l’utilisateur à changer de boitier. « L’investissement de base reste le boitier Nikon F. Tout était interchangeable. Chaque évolution était rajoutée : le moteur, la cellule externe couplée vitesse ET diaphragme, les premiers flashs électroniques ».

Le Nikon F symbolise la politique de Nikon d’écoute et de respect des clients. « Le modèle Sapporo spécial à 7 images secondes, le Montreal à 9 images secondes, ont été fait sur une base Nikon F pour répondre aux besoins des photographes de sport. Nikon a produit des modèles spéciaux pour l’ophtalmologie. Ils ont aussi modifié des boitiers pour l’US Navy « , témoigne Thierry Ravassod.

Une place essentielle dans la culture photographique et au-delà

Le Nikon F peut être considéré comme une référence, adoptée par tous les photographes professionnels, et qui s’est diffusé dans tous les secteurs d’activité de la photographie : « On peut citer l’exemple du film Blow-Up qui a mis en avant le Nikon F. Mais c’était la réalité pour les photographes de mode. Quand j’ai démarré ma vie professionnelle, en 1977, il y avait 3 marques pour les photographes de studio : Nikon en 24×36, Hasselblad en 6×6 et Sinar en 4×5. Point à la ligne. Le reste était anecdotique. » témoigne Thierry Ravassod.

Le Nikon F est aussi l’archétype des appareils photos utilisés par les reporters de guerre au Vietnam. Le collectionneur a ainsi acquis un Nikon F ayant appartenu à Tim Page : « Le boitier est gravé à son nom. Tim Page m’a ainsi expliqué que tous les photographes avaient les mêmes appareils et les mêmes objectifs, c’était plus simple pour éviter de confondre ».

Idem pour le sport. Il n’y a qu’à voir les photos de stades des jeux olympiques des années 60 et 70. La plupart des photographes sont équipés en Nikon. Le Nikon F a aussi servi de base pour le partenariat historique lié entre Nikon et la Nasa en 1971. Thierry Ravassod rappelle ainsi que « c’est une base Nikon F (FTN) qui a servi de prototype, et non un F2 pourtant sorti la même année. Le boitier F avait déjà fait ses preuves. »

Nikon F Thierry Ravassod

Un héritage encore d’actualité

Au total, plus de 850 000 boitiers Nikon F auront été produits sur 14 ans, entre 1959 et 1973. « Le F2 est sorti en 1971 mais Nikon a conservé les 2 modèles en production car les gens ne voulaient pas quitter le Nikon F » rajoute Thierry Ravassod. On retrouve la trace du Nikon F dans toutes les évolutions des réflex argentiques de la marque jusqu’au Nikon F6. Idem pour les boitiers digitaux, qui conservent la fameuse bague F mais aussi l’ergonomie générale et le design du Nikon F. Un boitier qui a permis à Nikon de devenir leader mondial du marché des SLR, une place, concurrencée certes mais qui reste encore valable aujourd’hui.

Nikon Z fc : notre héritage, votre créativité

Le boîtier texturé noir. Le grain subtil de l’armature métallique argentée. Le nouvel appareil photo hybride Nikon Z fc, annoncé récemment affiche autant de caractère que les reflex argentiques Nikon d’antan, tout comme son objectif NIKKOR Z en édition spéciale. Cet appareil reprend certains détails de conception de l’époque et les associe aux puissantes technologies créatives d’aujourd’hui.

Les molettes de réglage en aluminium résistant sont disposées telles qu’elles l’étaient sur le Nikon FM2. Le mécanisme fonctionne avec une incroyable précision : vous ressentirez le déclenchement. Le viseur haute définition est électronique, mais sa conception est circulaire, tout comme le viseur optique des anciens modèles qui ont inspiré son design. Un subtil mélange entre les sensations de l’argentique et la technologie innovante de la gamme Z.

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  1. zaourar dit :

    le Nikon f Géant de la photographie Témoin de toutes les miséres et les conflit du siécle dernier a travers le monde . il reste a ce jour le milleur.

  2. CHRISTIAN DENY dit :

    35 Ans avec Nikon du FA en passant par le F3- le F4- les coolpix 995 et P6000, le D2x- D3x- D800E- D850 et à attendant UN D7 réunissant un capteur équivalant ou supérieur au D850. Voilà pourquoi le D4- le D5- et D6 n’ont pas suivit dans mes achats…. Alors le nouveau vaisseau amiral c’est pour quand !!!
    Bien cordialement CHRISTIAN DENY Photographe Journaliste

  3. Decourcelle JP dit :

    Je pense que la compatibilité maintenue pendant 50 ans es,t le point fort de la marque !
    Pour avoir fui les Pentax dans les années 80 et les Contax dans les années 90 pour changement de monture je parle en connaissance de cause !
    Après un F5 pour l usage et un F et Nikkormat pour la collection
    J ai enchaîné D70 D 200 D 700 D 800 E et maintenant D7500 pour retrouver la légèreté
    Tous marchent et ressortent pour telle ou telle mission