Ce désert est chaud et sec comme nulle part ailleurs sur la planète. Avec une température de l’air avoisinant les 57 C° à l’ombre et un taux d’humidité inférieur à 2%, il est le premier des 4 milieux extrêmes où Christian Clot va s’aventurer. Reportage et récit au cœur de l’Expedition Adaptation par Lucas Santucci.
L’objectif : étudier l’adaptation du corps humain aux milieux les plus extrêmes sur terre. Sur ces trente jours d’immersion, nous sommes autorisés à l’accompagner les trois premiers. Après il sera coupé du monde, seul face à la nature. Pour ma part, je suis envoyé ici par l’agence Zeppelin pour documenter en photo son aventure incroyable et réaliser un reportage pour les magazines internationaux.
Le désert du Lut est à la fois beau et inquiétant. Ses paysages grandioses sont sculptés par un vent violent qui souffle une grande partie de la journée soulevant poussière et gravillons. Les premiers pas dans le désert sont écrasants, le soleil chauffe la moindre partie de peau découverte qui devient alors brûlante. Nous sommes obligés de nous couvrir de la tête aux pieds lors des heures les plus chaudes.
Pour manipuler mon Nikon D5 et mon D500 je suis obligé de porter des gants en soie pour ne pas brûler mes mains exposées au soleil. Lors des heures les plus chaudes, il est impossible de marcher sous ce soleil de plomb et il faut se mettre à l’abri au plus vite pour ne pas se déshydrater, car notre corps n’est alors plus capable d’assimiler l’eau assez rapidement.
Je suis vite étonné que l’on ne transpire pas dans le désert du Lut. L’eau s’évapore directement de notre corps. Je bois en moyenne 6 litres d’eau et ne rejette que quelques centilitres. Il est par ailleurs difficile de se déplacer, non pas à cause du terrain, mais bien du climat. Je retrouve dans ce désert la même sensation que dans les zones extrêmement froides que j’ai côtoyées pour l’expédition Under The Pole. Tout est lent et difficile.
Il faut économiser ses gestes pour économiser les ressources de notre corps. La moindre erreur en entraîne une suivante qui peut rapidement être fatale. Mal gérer son hydratation ou ne pas bien se protéger du soleil peut entraîner un malaise rapide et une mort certaine si l’on n’est pas pris en charge en quelques minutes. En marchant, je pense beaucoup aux prochains jours de Christian dans ce désert où il sera seul et sans contact extérieur pour lui venir en aide.
Pendant ces trois jours, je photographie le quotidien de Christian, sa vie au camp, ses exercices scientifiques, mais aussi ses longues marches où il tracte sur son chariot de plus d’une centaine de kilos dont plusieurs dizaines d’eau. Lorsque j’ai choisi mon matériel pour l’accompagner, j’ai réfléchi à ce que tout rentre dans un petit sac à dos de 20 litres que je peux le porter plusieurs jours sans m’en séparer.
J’échange les boîtiers au cours des minutes, le plus léger est monté avec le 70-200mm et compense le poids de l’objectif tandis que l’autre alterne pendant la journée le 30mm et le 24-70mm. J’ajoute seulement à cet équipement un réflecteur et un pied très léger pour les photos de nuit.
Au petit matin, dès que le soleil apparaît et que la chaleur se fait sentir, les difficultés commencent. Il est très important de connaître parfaitement ses appareils, car la chaleur accablante diminue nos sens et fatigue notre vision malgré les lunettes de soleil. N’ayant pas de moyen de recharger les batteries, les écrans sont volontairement réglés au plus bas et il est difficile de vérifier la photo au moment de l’action, laissant un doute sur le travail jusqu’au retour. Au final les boîtiers ont été très résistants et les batteries n’ont pas montré de signes de faiblesse particulières contrairement à d’autres petits matériels électroniques qui ont arrêté de fonctionner sous ses chaleurs écrasantes.
Après trois jours, nous avons laissé partir Christian, j’ai conscience que ce qu’il va réaliser n’est réalisable que par très peu d’Hommes qui peuvent associer la condition physique, la connaissance de soi et ajouter l’intuition indispensable dans les moments difficiles pour se dépasser. Je le retrouverai dans quelques semaines, pour le second milieu, la Patagonie, un tout autre climat, si froid et si humide…
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