Xavier Delorme, chasseur et photographe d’orages professionnel parcourt plus de 30000km pendant la saison – de mai à octobre – à travers toute la France pour shooter ses phénomènes météorologiques grandioses. L’équipe du Mag Nikon l’a rencontré et vous propose de découvrir son parcours, ses anecdotes étonnantes et ses conseils de photographe pour capturer les orages.
Qu’est-ce qui vous a amené à chasser et photographier les orages ?
Enfant, j’étais passionné de météo en général. Je faisais des relevés de température et notais le temps qu’il faisait chaque jour. Pour illustrer mes écrits, mon père m’a donné son reflex argentique pour prendre en photo la météo au quotidien. Et durant l’été 1998, un orage a eu lieu sur les plaines euréliennes, mon père m’a alors proposé de faire quelques photos et m’a expliqué le principe de l’exposition continue.
C’était ma toute première photo d’orage. La passion était née.
En 2002, une nouvelle liberté s’offre à moi avec l’obtention du permis de conduire. J’ai commencé mes premières virées pour traquer les orages, d’abord en Eure et Loire, puis de plus en plus loin. Aujourd’hui je fais plus de 30 000 km par saison (de mai à octobre) à travers tout le pays. En 2016, je me suis même laissé tenter par l’Espagne.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les techniques que vous utilisez ?
Ce n’est pas très compliqué, on applique l’exposition longue comme pour la photo de nuit. Je me mets à ouverture 6.3 pour commencer et ensuite j’ajuste si l’orage se rapproche, s’éloigne ou si les impacts de foudre sont dans le rideau de pluie. Je mise sur une sensibilité de 100iso et une exposition de 30s renouvelée pendant la durée de l’orage.
Pourquoi avoir fait le choix de vous spécialiser dans la photographie d’orages ?
C’est venu avec ma passion première la météo, et je suis resté dans cette spécialisation. En photo d’orage, il y a plusieurs affinités : des photographes préfèrent les structures nuageuses, d’autres les tornades, d’autres encore la foudre. J’ai toujours eu plaisir à photographier la foudre.
Qu’est ce qui est, selon vous, le plus compliqué dans la photographie d’orages ? Et le plus gratifiant ?
Le plus compliqué c’est de trouver le « bon orage ». L’orage est parfois capricieux et même en colère. Les conditions météo mettent à mal la prise de vue bien souvent. Alors si l’on décide de composer avec un élément en premier plan, il faut espérer que l’orage se décide de foudroyer au bon moment. Quand cela ne marche pas, j’y retourne une seconde fois et je prends le temps nécessaire pour obtenir LA bonne photo. Pour un cliché représentant une éolienne foudroyée, j’ai mis 7 ans avant d’obtenir la photo parfaite.
Quels conseils donneriez-vous à un photographe débutant dans la chasse aux orages ?
Il faut photographier d’abord de chez soi ou les alentours pour maîtriser la technique de prise de vue. La foudre peut se montrer à différentes intensités, ce qui permet de jouer sur le résultat photo. Une fois les réglages bien assimilés, le plus difficile est de prévoir l’orage. Attention, la foudre est imprévisible et peut frapper n’importe où. Quand l’orage commence à être très proche, rien ne sert de se mettre trop en danger, il vaut mieux se réfugier dans sa voiture ou chez soi.
Y’a-t-il d’autres thèmes qui vous sont chers ?
Pour l’instant je me cantonne aux orages. C’est déjà un sujet vaste et faste.
Avez-vous des « maîtres » ou des photographes dont vous appréciez tout particulièrement le travail ? Qui vous inspirent ?
À mes débuts, le travail d’Alex Hermant, un des tous premiers chasseurs connus en France, m’a beaucoup inspiré. Aujourd’hui, je suis plus attentif au travail des paysagistes, comme Alexis Dubois et Fabien Dal Vecchio. Leur approche m’intéresse et j’essaye de les appliquer à l’orage.
Comment avez-vous connu Nikon ? Pourquoi travailler avec cette marque plutôt qu’une autre ?
J’ai connu Nikon quand je suis passé de l’argentique au numérique en 2006. Pratiquant exclusivement de la longue pause, les capteurs sont très sollicités et c’était Nikon qui donnait les plus beaux résultats.
Aujourd’hui, je travaille toujours avec Nikon car la forte dynamique est très utile en photo d’orage. Ainsi je peux corriger facilement un souci de surexposition de la foudre ou de sous-exposition du premier plan. Mais les boitiers sont poussés à l’extrême dans des mauvaises conditions météo, il peut donc y avoir quelques petits « problèmes ».
Quel boitiers et objectifs utilisez-vous pour chasser les orages ?
Je suis passé par toutes les gammes de Nikon. J’ai commencé avec un Nikon D50 et aujourd’hui je shoote avec un D4s. Depuis 2013, je travaille aussi avec un D800E que je vais surement remplacer par un D810 ou D500, j’hésite encore…
Pour les objectifs, j’utilise le 14-24 chez Nikon. Sinon j’utilise les optiques Carl Zeiss car il n’y a pas d’AF qui rend difficile la MAP sur l’infini. Les optiques avec MAP manuel font que l’infini est très souvent en butée de la bague ou vraiment sur le tiret de l’infini. Le petit souci avec le 14-24 est que la lentille frontale est trop prédominante et du coup récupère la moindre goutte d’eau. Et comme c’est assez rare qu’il ne pleuve pas quand on photographie les orages…
Quels sont vos projets à venir ?
La fin de l’année sera marquée par l’aboutissement de beaucoup de projets !
Tout d’abord mon livre sur la photo d’orage est sorti le 19 octobre en grand format. Cela représente un travail de 8 ans à travers la France et quelques pays voisins, où j’ai traité 4 thèmes : la plaine, l’eau, la montagne et l’Homme.
J’ai également plusieurs expositions de mes photos : au festival photo de Loué comme invité d’honneur, au festival photo nature de Namur, puis au festival photo de Montier en Der qui fêtera ses 20 ans. Et je termine l’année avec une exposition photo d’une semaine en décembre accompagnée d’une conférence au centre Météo France de Toulouse.
En 2017 j’exposerai à la galerie Hegoa au carré rive gauche à Paris.
Bonjour,
Passionné par l’image…. et Nikoniste également…. je suis un fou mordu de toutes ces images qui jalonnent votre revue….!!! Recevez, chers ami(e)s toute mon estime et ma considération.
Philippe
superbes photos d’orages ou de ciels orageux.
2 questions : quid des retouches par rapport à la prise initiale ? ( il est légèrement abordé au niveau des corrections d’exposition )
un petit topo technique serait génial pour aider ceux qui bavent devant l’écran !!