Les deux photographes professionnels Olivier Hoffschir et Nicolas Brunet reviennent du Maha Kumbh Mela, un pèlerinage hindou qui réunit près de 100 millions de personnes. Leur récit en images…
Qu’est-ce que le Maha Kumbh Mela ?
La Kumbh Mela signifie littéralement « Fête de la Jarre ». Il s’agit du plus important pèlerinage de la religion hindoue et a lieu tous les 3 ans dans quatre villes différentes, à tour de rôle. Le Maha signifie « grande » car celle d’Allahabad – qui a lieu tous les 12 ans – est la plus sacrée de toutes. Elle se déroule au Sangam de la ville d’Allahabad, à la confluence de trois cours d’eau : le Gange, la Yamuna et la mystique rivière Saraswati qui n’a au final pas d’existence physique.
La légende veut que dans les anciens temps, quatre gouttes d’élixir de vie se soient échappées lors d’une bataille entre divinités. C’est au point de chute de chacune de ces gouttes qu’a lieu une Kumbh Mela tous les 3 ans (toutes situées dans le nord de l’Inde). Contrairement à de nombreux pèlerinages, le chemin pour s’y rendre ne fait pas partie du rite. L’important est d’être au lieu exact ou cette goutte d’élixir de vie est tombée, au moment précis où l’alignement des planètes est favorable. Cette fois-ci, le grand bain avait lieu le 10 février et plus de 40 millions de personnes étaient attendues pour cette seule journée. On estime à 100 millions le nombre de pèlerins ayant fait le déplacement sur les 6 semaines de festivités. Tout ceci nous donne le plus grand pèlerinage au monde et par extension, le plus grand rassemblement humain mondial !
Depuis combien de temps préparez-vous ce reportage ?
Nous avons découvert le sujet environ un an et demi avant le pèlerinage et on s’est immédiatement dit qu’on ne pouvait pas louper ça. Pour autant, nous avons concrètement commencé à préparer le projet 5 ou 6 mois à l’avance.
Il y a d’abord eu une phase de documentation sur la religion hindoue et sur l’histoire du pèlerinage en soi. Il faut dire que pour le novice, l’hindouisme n’est pas facile d’accès. C’est la plus vieille religion encore pratiquée au monde, il y a donc énormément d’écritures saintes, d’interprétations, d’histoires et de dieux différents. Il a fallu un peu de temps pour assimiler tout ça (et nous sommes encore bien loin de tout comprendre).
Au début de notre recherche, nous souhaitions trouver des pèlerins en France qui auraient pu faire le déplacement. Après investigation dans les communautés hindoues de Paris, nous n’avons trouvé personne : le voyage coutait trop cher. Par contre nous avons appris que, tous les ans, quelques membres de la communauté participaient au pèlerinage… de Lourdes ! La vierge Marie étant considérée par ces pèlerins comme une divinité parmi toutes les autres.
Nous sommes ensuite passé à une phase de préparation logistique. Comment se rendre dans la ville ou quasiment toute la population du deuxième pays le plus peuplé au monde souhaite se rendre… et comment s’y loger ? Autant dire que répondre à toutes ces questions à distance n’a pas été une mince affaire. Au final nous avons dormi sous tente, dans un campement sur le site de la Khumb Mela… et nous avons eu tout le mal du monde à quitter la ville d’Allahabad en même temps que les millions de pelerins, au lendemain du grand bain. Il y a d’ailleurs eu un grave accident à la gare de la ville ce jour-là, lorsqu’un pont s’est effondré sous le poids de la foule.
Comment avez-vous décidé de faire vivre vos photos suite à ce reportage ?
Nous étions partis sur place dans l’optique de vendre le reportage pour publication sur le site web d’un média TV français. Malheureusement, la commande a été annulée alors que nous étions en pleine Kumbh Mela, avant même d’avoir pu communiquer les images. Le site n’était en effet pas techniquement prêt à accueillir des galeries photo. Après cela, nous avons démarché quelques médias mais il faut avouer que le sujet avait déjà été très exploité. À la base nous publions et vendons surtout nos images dans le domaine de la musique et nous devons gagner notre légitimité avec des reportages comme celui-ci. Évidemment, vu le contexte actuel de la presse et du photojournalisme, il n’est pas évident de « débarquer » ainsi sur le marché. Ceci dit, les images de Nicolas sont pour sa part distribuées via l’agence Andia Presse.
À côté de ça, on ne se laisse pas abattre et nous avons aussi décidé d’être notre propre média via le site du Coin Coin Club ! Nous faisons partie de la génération Internet et nous avons tous deux commencé à publier des images via des webzines de musique. C’est un support qui nous convient et dont nous essayons de tirer parti au maximum. Le reportage est donc visible au complet sur notre site avec d’autres sujets. Sur le site, le but est d’offrir une expérience immersive ou l’internaute se retrouve au cœur de l’image. C’est un support auquel nous attachons beaucoup d’importance car il permet de proposer un contenu et une expérience de qualité.
Quel matériel avez-vous utilisé ?
Nous avions chacun un boitier. Un D4 pour Nicolas et un D800 pour ma part.Ils ont tout deux étés bien maltraités : tempêtes de sable et de poussière, orages, nuit en tente, bain dans le Gange… et sont pourtant encore au top de leur forme !
Côté optique, nous avons principalement utilisé le NIKKOR AF-S 24-70mm f/2.8 qui fait des miracles en toutes conditions. Nous avions aussi deux zoom téléobjectifs : un NIKKOR AF-S 70-200mm f/2.8 VR et un NIKKOR 80-200mm qui avait déjà survécu à des vagues de boues au festival des Eurockéenes !
Évidemment, nous avions avec nous des cartes mémoires et batteries à gogo, car une fois sur place, nous ne savions pas quand nous aurions à nouveau accès à de l’électricité ! Au final cette précaution n’aura pas été utile, nos tentes étant équipées… de prises électriques pendouillantes au bout d’un fil dénudé. « Incredible India » : c’est le slogan de l’office du tourisme, et ça se vérifie tous les jours !
Bonnes infos sur cette page, j’ai trouve ce que je cherchais 🙂
https://www.indiaboundtour.com/