Les portraits cinématographiques de Som Picture

Interview

Chris, a.k.a Som Picture, est un photographe et formateur en photographie, dont l’univers visuel est qualifié de cinématographique et mélancolique. Il nous partage son parcours, ses inspirations, sa passion pour la photographie mais surtout, sa volonté d’impacter la vie des personnes qui l’entourent à travers la photo.

Quel parcours vous a amené à être photographe ?

C’était un beau jour de 2013. Je m’ennuyais au bureau donc j’ai été discuter avec un collègue qui faisait de la photo. Comme n’importe quel passionné, dès que j’ai évoqué la photographie, il a arrêté ce qu’il était en train de faire et il a commencé à utiliser son tableau blanc pour m’expliquer les concepts de l’exposition.

Je me considérais moi-même à l’époque comme quelqu’un de très technique mais très peu créatif, donc j’ai rapidement trouvé très intéressant toutes ces notions sur l’exposition et globalement sur « comment fonctionne un appareil photo ». Du coup, les semaines suivantes, je passais mes journées à lire des articles sur internet, je regardais les quelques rares vidéos YouTube sur le sujet (pendant mes heures de travail…) et j’accumulais les magazines sur la photo.

Après 2-3 semaines a consommer énormément de contenu, je sentais que je comprenais bien les concepts de base de la photo et je n’avais qu’une seule envie : les mettre en pratique sur le terrain ! J’ai donc acheté mon tout premier appareil photo à une étudiante qui vivait à côté de chez moi : c’était un Nikon D3100 rouge ! Ce soir-là, en rentrant chez moi avec mon nouveau compagnon, j’avais juste envie de tester tout ce que j’avais appris jusqu’à maintenant. Créer des photos claires, sombres, jouer avec la balance des blancs, ou encore le truc que j’avais le plus envie de tester : jouer avec la profondeur de champ.

Et ça n’a pas raté : à chaque fois que je testais un truc que j’avais appris : ça marchait ! C’était incroyable de pouvoir capturer la réalité et la modifier en fonction de mes envies ! A partir de là, j’emmenais mon reflex avec moi quand je sortais me balader ou même parfois lors de sorties exclusivement réservées pour faire des photos.

Je faisais des photos d’un peu tout, avec une légère dominance pour le paysage. Mais c’est en Juin 2015 que tout à basculé. J’ai testé le portrait. Un domaine qui ne m’attirait pas du tout jusque là, ni par sa technique, ni par les rendus qu’on pouvait obtenir. J’ai contacté une amie qui a accepté de poser, on a fait une séance photo de 2h environ, dans un parc. Et quand j’y repense, je me rends compte que tout ce que je lui demandais, c’était du hasard total ! Je choisissais les lieux au feeling, je ne savais pas trop quoi lui dire de faire. Bref, je ne me souciais de rien : j’expérimentais !

En rentrant chez moi ce soir-là, je me suis rendu compte que j’étais assez satisfait de 3 ou 4 photos (sur plusieurs centaines, heureusement !), que j’avais passé un très bon moment et qu’en plus, une personne (la modèle) allait peut-être être contente du résultat aussi ! Bref, c’était le tout début de mon amour pour le portrait.

Comment définissez-vous votre style ? Qu’est-ce qui vous a aidé à le trouver ?

J’ai le sentiment que ce sont plus les autres qui m’ont aidé à prendre conscience que j’avais « un style ». J’ai d’ailleurs toujours un peu de mal à dire que j’ai un style, étant donné qu’il a déjà énormément évolué et qu’il évoluera encore beaucoup à l’avenir. Mais pour reprendre les mots de ceux qui pensent que j’ai un style, je dirais qu’il est souvent qualifié de : « cinématographique » et « dark ».

Et en y réfléchissant, je pense que c’est assez vrai. Mais cette définition se limite à un style visuel. Pour moi, le style, ce n’est pas une signature visuelle. C’est quelque chose de profond que j’ai à exprimer. Et ce « truc » qui cherche à s’exprimer peut se manifester de différentes façons : par des séries photographiques, dans ma façon de parler, dans ma manière de penser ou de réfléchir etc. C’est quelque chose de beaucoup plus large que les lumières ou les couleurs que j’utilise dans mes photos.

Du coup, en plus de « dark » et de « cinématographique », j’ajouterais bien : « mélancolique », « solitude » et « introspection ». Je pense que pour trouver mon style, ou en tout cas en être là où j’en suis aujourd’hui, l’introspection a été la clef. Je passe beaucoup de temps à m’interroger sur moi-même, bien plus généralement que sur la photographie. Mais pour parler uniquement de photographie, j’ai passé du temps à me demander ce que j’aimais dans le travail des autres, mais aussi dans ma propre production.

J’ai pris conscience au fil du temps de mes goûts personnels. Et je sais que c’est hyper évident pour les gens créatifs de nature, mais pour moi : mes propres goûts ne m’apparaissaient pas du tout clairement au début ! Et j’ai également fait l’inverse : je me suis souvent demandé pourquoi je n’aimais pas certaines images, chez les autres ou chez moi parce que je pense que ce qu’on aime nous définit mais ce que l’on n’aime pas nous définit tout autant.

C’est une démarche assez générale et elle me permet de mieux me connaitre et donc de mieux savoir ce que je veux vraiment, dans la photographie, mais aussi dans la vie.

Comment trouvez-vous vos modèles en photo de portrait ?

Au tout départ, j’ai demandé à des amis s’ils voulaient bien poser pour moi. Ça m’a permis de m’entrainer, de gagner en expérience et en légitimité mais aussi de commencer à construire un portfolio de portrait et avec ce petit portfolio (qui devait contenir à l’époque 8 photos prises avec 3 ou 4 personnes différentes) j’ai pu contacter des « vraies modèles » sur des groupes Facebook dédiés à la photo ou sur Instagram. J’avais des images à montrer et ça mettait plus facilement en confiance des inconnu(e)s. Je n’aime d’ailleurs pas trop ce terme de « vrai modèle » parce que, même quand je travaille avec un modèle, je préfère photographier la personne, pas le mannequin.

Aujourd’hui, j’avoue : dans ma pratique personnelle, je ne photographie plus beaucoup de nouvelles têtes. Je photographie souvent les mêmes modèles parce qu’on s’entend bien, je ne me demande plus si ça va bien se passer ou si il ou elle sera assez à l’aise. Je viens avec mes idées, je les partage et je sais qu’on sera sur la même longueur d’onde.

Qu’est-ce que vous utilisez comme matériel ? Quel est votre objectif préféré ?

Aujourd’hui, j’utilise un Nikon D750 et un Nikon Z6. Sur la partie photo, mon D750 est toujours au top, je n’ai rien à lui reprocher. Il m’a toujours accompagné sur tous mes projets personnels ou mes contrats pro. Il est aussi bon en séance posée qu’en reportage. Mon Z6 est tout aussi bon en photo (voire un peu meilleur avec son autofocus sur les yeux, très pratique quand on fait du portrait comme moi) mais il me sert surtout en vidéo. Absolument toutes mes vidéos récentes sur YouTube sont tournées avec le Z6, mais aussi l’intégralité de ma formation ! Tout cumulé, ça doit faire un peu plus de 250 vidéos.

Pour les objectifs, difficile d’en choisir un seul. Ça fait 5 ans que mon cœur balance en permanence. Mes 2 objectifs principaux sont donc : un 35mm 1.4 Art et un Nikon 85mm 1.4G. Je pense que 99% de mes photos qui sont publiées sur internet sont réalisées uniquement avec un de ces deux objectifs. Ces deux focales combinées sont hyper polyvalentes, je peux faire du portrait posé, du « lifestyle », shooter en studio, faire un reportage de mariage ou même ramener mes souvenirs de vacances. Bref, tout ce dont j’ai besoin.

Qu’est-ce qui vous inspire et quels seraient vos conseils pour faire face à une panne d’inspiration ?

La musique et la souffrance. La musique est magique pour moi, je n’ai qu’à écouter un son que j’aime pour que des images commencent à apparaitre devant moi. Et je le rappelle, mais à la base je me considérais vraiment comme quelqu’un de très technique mais de très peu créatif, donc arriver à faire ça aujourd’hui pour moi : c’est une grande victoire. La souffrance parce que je ne ressens pas le besoin de créer quand tout va bien dans ma vie. Les émotions positives me motivent peu. Comme je le disais plus haut, je pense que mon style est un mélange de mélancolie et de solitude. Ces deux émotions m’inspirent quand elles sont là.

Pour ce qui est de la panne d’inspiration, la première chose à faire selon moi, c’est d’accepter. Accepter qu’on n’est pas dans une période où tout est fluide. Accepter qu’on est dans le doute, dans la remise en question et qu’on n’arrive pas à créer. Il faut le voir comme une étape normale du processus de création. Une fois qu’on a accepté la situation, je pense qu’il peut être bon de se poser cette question : pourquoi est-ce que je me sens bloqué pour créer ?

Bien souvent, la réponse à cette question, c’est un frein que les gens (y compris moi !) se mettent tout seul. Ils se sentent nuls par rapport aux autres, ils ne se sentent pas légitimes, ils ont peur de mal faire quelque chose, ou encore ils ont peur de décevoir quelqu’un ou de se décevoir eux-mêmes. Et quand on pense comme ça : on se bloque tout seul. Pour pouvoir retrouver l’inspiration, je pense qu’il faut donc retrouver du plaisir. Retrouver le plaisir de créer, le plaisir de vivre le processus photographique. Peu importe ce qu’en penseront les autres. Il faut prendre des photos au feeling, sans s’obliger à rentrer avec de bonnes photos. Rentrer sans bonnes photos : c’est pas grave ! Apprécions la sortie photo, même sans le résultat.

Quels sont vos principaux objectifs en tant que photographe/vidéaste dans l’année qui vient ?

Aujourd’hui j’ai un grand objectif : continuer à former des photographes pour améliorer leur vie. Je le fais au quotidien et j’aime ça : donc j’ai envie que ça continue. Maintenir ma formation, répondre aux élèves et voir leurs évolutions, c’est probablement la meilleure partie de mon métier. Certains élèves font de la photographie une passion dévorante et la photographie les aide à voir le monde différemment et à mieux se connaitre et donc : à vivre mieux. C’est ce que j’ai fait pour moi et c’est ce que je les encourage à faire, tous les jours !

D’autres élèves veulent devenir photographes pro malgré toute la concurrence d’aujourd’hui. Je les aide à trouver leur style et à se démarquer. Pour changer de métier et donc améliorer leurs conditions de vie également. Même si mon métier est très lié à la photographie, je crois que j’espère secrètement avoir un impact positif sur la vie des gens !

Chris - Som Picture

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