La série « Découverte jeune talent » est l’occasion pour Nikon de mettre en lumière des nouveaux talents de la photographie et des univers à part. Aujourd’hui, focus sur Lucas Marrella, jeune photographe qui nous présente son parcours, ses inspirations et sa relation avec la post-production, une pratique qui prend de plus en plus de place dans l’image d’aujourd’hui et qui permet à certains, d’aller plus loin dans la créativité.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?
Avec grand plaisir ! Je m’appelle Lucas Marrella, j’ai 25 ans, je suis ostéopathe D.O. & artiste photographe. J’ai grandi dans une petite ville du nom de Rombas, non loin de Metz, c’est une région chargée d’histoire, marquée par les deux conflits mondiaux et la crise sidérurgique.
J’ai commencé la photographie comme beaucoup de jeunes des années 90’ avec des appareils photo jetables. Par la suite, me sentant limité par l’appareil photo compact familial, mes parents ont décidé de m’offrir mon premier Nikon (D5100), c’est vraiment à partir de ce moment que j’ai commencé le portrait avec des ami(e)s.
Après un long moment où je n’utilisais que mon smartphone pour photographier des souvenirs, j’ai vraiment repris goût à utiliser mon D5100 durant mes études d’ostéopathie, accompagné de mes compères Matthieu et Guillaume. Il m’arrivait de marcher seul pendant des heures dans Paris avec mon appareil photo, à la recherche d’un moment ou d’un bâtiment à photographier. Ce fût mon exutoire principal durant ces années.
Vous travaillez sur plusieurs thématiques photo, quelle est celle qui vous plait le plus ?
À vrai dire, je n’ai pas vraiment de thématique préférée. Il y en a juste certaines où je me sens plus à l’aise, comme par exemple la photographie de rue ou encore l’urbex. A mon sens, j’arrive à capturer l’essentiel sans m’y perdre.
Le paysage et le portrait sont pour moi les photos qui me donnent le plus de fil à retordre en post-traitement. Non pas que ce soit compliqué de les éditer, mais plus dans le choix du traitement, il m’arrive souvent en paysage d’éditer 3, voir 4 fois la même photo de façon différente. Même si je n’en fais pas souvent, j’adore utiliser mon 14mm pour mélanger portait et architecture, c’est vraiment une focale qu’on n’a pas l’habitude d’utiliser en portrait, mais ça ouvre vraiment des possibilités nouvelles. Au final, ce que je préfère, c’est capturer un moment et le garder tout simplement en souvenir.
Quelles sont vos inspirations ?
Ayant fait du solfège et de la guitare depuis mon enfance, j’ai longtemps été imprégné par la musique classique, ce qui m’a sans doute fait aimer les bandes originales de films et des artistes comme Howard Shore ou Hans Zimmer. Par conséquent, je m’inspire également de films, tant bien au niveau de la prise de vue que de la colorimétrie. Pour finir, j’aime vraiment passer du temps dans les musées, que ce soit pour voir des œuvres, ou voir l’œuvre architecturale que sont les musées en eux-mêmes.
Comment s’organise votre post-prod ?
Après une randonnée, une ballade en ville ou un shooting plus formel, j’importe toutes mes photos sur Lightroom et je les sauvegarde sur mon disque dur externe dans des dossiers spécifiques. C’est vraiment quelque chose de primordial d’avoir un backup de ses photos, ça me permet d’avoir l’esprit tranquille.
On passe enfin à l’éditing, tout d’abord, je me lance dans l’éditing des photos qui m’ont parues bien plus réussies en étant sur le terrain. Ensuite, en fonction du type de photo effectuée, j’ai mes propres presets pour chaque type de photo. Ensuite je viens retravailler la photo plus spécifiquement. Au final, le preset ne me sert que de base, vu que chaque photo est unique l’édit qui suit ne ressemble plus vraiment au preset de base. Il peut m’arriver dans de rares cas de passer la photo sur Photoshop, mais c’est seulement pour retirer un élément ou encore des personnes ne mettant pas en avant la composition.
Néanmoins, il m’arrive de tester de nouvelles choses sur certaines photos, en repartant de zéro, dans l’optique de créer un nouveau preset qui convient à mon humeur actuelle. Mais parfois, ne trouvant pas la solution, j’abandonne certaines séries de photos pour y revenir quelques semaines ou mois plus tard.
Quelle photo dont vous êtes le plus fier ? Et pourquoi ?
C’est à ce moment que je dois choisir. Quel choix compliqué, mais je dirais cette photo prise cet été à Tignes. Elle me rappelle un souvenir, le fait d’avoir réussi à convaincre trois de mes amis à marcher pendant 650 m de dénivelé en pleine nuit. C’était vraiment une sensation incroyable d’être ici, seuls, face à la Nature et l’immensité de la montagne.
Quels sont vos conseils pour les débutants dans la retouche photo ?
Avant toute chose, il faut se concentrer sur la prise de vue, ça évitera des recadrages trop contraignants ou tout simplement une composition pas à la hauteur de la post-production qui lui sera appliquée.
Tout d’abord, il faut faire attention à ces trois paramètres : clarté, vibrance, saturation. Il faut éviter de pousser les curseurs à fond, je sais que c’est vraiment tentant au début, mais ça ne va que dénaturer votre photo. Vous pouvez utiliser la correction de voile, avec modération évidemment, couplée à un filtre gradué pour vous aider à faire apparaitre ou disparaitre des éléments dans votre ciel, comme des nuages par exemple.
Quand vous aurez maîtrisé les réglages de base (exposition, contraste, etc…), il me semble important de ne pas négliger la courbe des tonalités. Commencez tout d’abord par la couche RVB, elle est plus simple d’utilisation et évitera de vous y perdre. Elle vous permettra d’apporter subtilement du fading, du contraste ou même de la lumière à votre photo. Dès que vous comprendrez le principe de cette première couche, je vous invite à jouer avec les trois autres couches (rouge/vert/bleu) et de travailler simultanément avec les trois !
Pour finir, si vous voulez donner une vraie identité colorimétrique à votre photo, vous pouvez jouer avec les couleurs (TSL) et surtout ne négliger le virage partiel (haute lumière/ombre). C’est vraiment quelque chose qui vous aidera pour donner une identité à vos photos de nuit ! N’oubliez pas de toujours tester de nouvelles choses, reprenez d’anciennes photos et recommencez leur retouche, cela perfectionnera encore votre sens de la retouche et cela vous permettra de voir que votre œil a évolué.
Quels matériels utilisez-vous ?
Je dispose d’un Nikon Z6, d’un D5100, ainsi qu’un F-301, tous les trois accompagnés d’objectifs Nikon. Mon Z6 est majoritairement complété par un 14-30mm F4 ou un 85mm F1.8. Mon D5100, qui est devenu l’appareil familial, est pour la majorité du temps associé à un 50mm F1.8. Et le petit appareil photo argentique que mon père avait acheté étant jeune, le F-301, lui est équipé d’un 28mm F2.8 ou d’un 50mm F.1.8.
Le Z6 me permet d’être léger et polyvalent à la fois, le 14-30mm F4 me permet d’avoir un point de vue et une approche artistique complètement différente à 14mm, alors qu’à 30mm je commence à me rapprocher de ce que je vois, de l’instant que j’ai sous les yeux. Le 85mm F1.8 quant à lui me permet d’être proche de mon sujet, d’obtenir des lignes plus droites et d’avoir un piqué incroyable.
Il m’arrive d’associer ces deux objectifs à un filtre Tiffen Pro Mist ; la lentille plate du 14-30mm F4 est une vraie bénédiction pour utiliser des filtres sans être encombré par de multiples accessoires. C’est une fonction rare pour des objectifs avec une focale si courte.
Quels sont vos futurs projets ?
Dans un premier temps, j’aimerais pouvoir terminer mon exposition au Fox Coffee à Metz, mais le contexte actuel étant encore incertain, nous n’avons pas de date de réouverture. Il est toujours possible de consommer leur mets à emporter et d’apercevoir les œuvres de loin. Par la suite, pourquoi ne pas concrétiser avec des amis un voyage en Pologne qui avait été annulé en avril dernier. Un autre projet qui me tient à cœur, c’est partir à Prypiat en Ukraine avec mes deux collègues d’urbex, c’est vraiment un lieu qui nous fait « rêver ».
Pour finir, d’un point de vue purement personnel, j’ai l’espoir de pouvoir visiter le Canada, ainsi que les États-Unis, et pourquoi pas d’y faire tout simplement un road trip.