Une aurore boréale est un phénomène naturel rare à observer et très technique à capturer. Nous vous proposons de découvrir ci-dessous un entretien avec le photographe Pierre Vernay, expert sur le sujet, qui nous donne quelques conseils pour partir photographier ces merveilles.
Pierre, comment peut-on vous présenter ?
Comme un photographe de 55 ans spécialisé sur l’arctique depuis 35 ans mais aussi sur la faune sub-arctique, les oiseaux… la Loire (mon pays d’adoption) et occasionnellement sur les grands félins en Afrique australe ou en Inde. Je travaille régulièrement avec des magazines français et suis l’auteur de six livres sur l’arctique.
En février 2016, vous êtes parti au Groenland, plus précisément de la région d’Ittoqqotoormiit, où vous êtes allé photographier la fin de la nuit polaire… Pourquoi avez-vous choisi ce moment de l’année ?
J’étais parti déjà en janvier en 2009 mais là, il n’y avait vraiment pas beaucoup de lumière. Février est un bon compromis; on peut démarrer les images d’aurores boréales à la nuit noire vers 17h et entre 10h et 15h, on peut bénéficier d’une lumière fantastique avec un soleil ne quittant pas ou très peu l’horizon. Je voulais aussi compléter un sujet sur les chasseurs d’ours polaires; il me fallait davantage de lumière…
Vous êtes un habitué des expéditions dans le grand Nord. D’où vient votre passion pour ces territoires gelés ?
D’un voyage au Cap Nord, sac au dos quand j’avais 18 ans. La découverte des grands espaces de liberté sans clôture et d’une lumière extraordinaire ont été comme un détonateur. Ce sont des régions où l’on se sent libre et en parfaite sécurité… Avec mes compagnons, nous avons parcouru des milliers de kilomètres dans les îles de l’arctique canadien jusqu’en terre Ellesmere, au Groenland oriental ou encore au Spitzberg à pied, en kayak, à ski, en traîneau et même avec des poneys.
Vous revenez de votre périple avec de magnifiques images d’aurores boréales. Comment faut-il s’y prendre pour immortaliser ces phénomènes fugaces ?
Le meilleur moment… C’est à la nouvelle lune. Entre les derniers croissants de lune, la nouvelle lune et les premiers croissants de lune, cela garantit environ 6 nuits parfaites pour les prises de vues. Ensuite la lune devient vraiment un handicap.Quand on veut saisir les subtilités des ciels étoilés, il faut évidemment un temps froid et sans nuage. Techniquement, il faut passer en manuel, régler la MAP sur l’infini et toujours vérifier que rien n’a bougé quand on manipule son trépied pour changer de spot… Surtout quand on manipule le matériel avec de gros gants ! Il faut aussi vérifier régulièrement qu’il n’ y a pas de givre sur la lentille frontale. Toujours garder les batteries de rechange au chaud pour qu’elles ne se déchargent pas. Les temps de pose ne doivent pas excéder 30 secondes pour éviter l’effet de filé des étoiles. Enfin, n’hésitez pas à vous servir de l’horizon virtuel pour avoir des images parfaitement droites !
Pour cette expédition, vous avez aussi emmené un boîtier Nikon D810A et le nouvel AF-S 20 mm f/1.8. Qu’avez-vous pensé de ce duo ?
Pour ce voyage, j’avais un Nikon D4 couplé à un 14-24mm et Nikon m’a confié pour les tester sur les aurores boréales le fameux Nikon D810A, dédié à la prise de vue d’astronomie, et un 20 mm très lumineux ouvrant à f/1.8. Au vu des premiers résultats, j’ai été très satisfait et n’ai pas voulu opter pour une autre formule. Il semble que le D810A capte des sources de lumière peu perceptibles à l’oeil nu, comme la couleur orangée à l’horizon, 2 heures après un coucher de lune ! Et parfaitement restituer des spectres de lumière dans le violet.
Où pourra-t-on voir ces images ?
Je n’ai pas encore fini de traiter les images, mais il est question de faire un sujet sur cette partie du Groenland avec Terre Sauvage et je ne doute pas non plus qu’elles intéresseront un magazine spécialisé sur la photo…