Lionel Hahn est un photographe de presse qui accorde une attention particulière à l’esthétisme de ses photos. Couvrant de multiples événements et exerçant entre la France et les Etats-Unis depuis de nombreuses années, il nous en dit plus sur sa carrière, sa façon de travailler et les coulisses de son métier.
Comment êtes-vous arrivé à la photographie, puis plus particulièrement à la photographie de presse ?
Je voulais être directeur de la photographie pour l’industrie du film et de la télévision, malheureusement je n’avais pas le niveau sur certaines matières pour réussir le concours d’entrée de la FEMIS qui est très exigeant (20 reçus pour plus de 1500 demandes). J’avais déjà un intérêt certain pour la photographie, bien aidé par un photographe pro de ma ville d’origine, Périgueux en Dordogne, avec qui je faisais beaucoup de noir et blanc au sein d’un club de photo plutôt spécialisé dans le paysage. Après quelques semaines en Faculté de Sciences à Bordeaux, je prends la décision de tout arrêter et de faire une école de photographie à Toulouse, l’ETPA où je reste 3 ans. En 1994, à la fin de ma 3ème année, et alors que je me préparais à partir pour le service militaire, un ancien de l’ETPA m’appelle et me propose un stage d’été dans l’agence de photo de sport Vandystadt. Je vais y rester 3 ans et y apprendre le métier. Ma carrière est lancée.
Qu’essayez-vous de véhiculer en premier lieu à travers vos photos ?
Un esthétisme certain, qu’on retrouve peu ou pas dans la photographie de presse, c’est ma signature. Quels que soient les sujets, j’apporte une grande attention à mes angles de prise de vue, mon cadrage, la gestion des arrières plans et bien sûr l’utilisation ou non de la lumière. La photographie doit avant tout être un regard posé sur un instant T, pas un concours de filtres digitaux.
Votre métier vous expose à certaines contraintes : urgence, cohue, éléments parasites… Comment faites-vous face à ces obstacles ?
L’expérience est un gros atout. Toujours anticiper les situations. Ne jamais paniquer, chaque problème a sa solution, garder la tête froide. Une solide connaissance de la technique photographique, du matériel de prise de vue ou d’éclairage permet de s’adapter rapidement aux impondérables.
Y a-t-il un événement en particulier que vous préférez couvrir ?
Oui, le NFL Super Bowl, la finale du Football Américain. J’en ai couvert 17, chose rare pour un photographe étranger. Le Super Bowl, qui se déroule dans une ville différente chaque année, regroupe 2 évènements en un :
Un match de Football Américain de très haut niveau avec une intensité incroyable. C’est de loin le sport le plus populaire aux US, les spectateurs s’arrachent les précieux billets à prix d’or. Des stades souvent construits/rénovés pour l’occasion avec des capacités d’accueil de 70,000 à 103,000 spectateurs.
Le « Half Time Show » ou pendant 13/15 minutes les plus grandes stars de la musique se produisent, certains de ces shows ont couté plus de $10 millions de dollars. Principaux artistes : Michael Jackson, Bruce Springsteen, The Rolling Stones, Paul McCartney, Lady Gaga, Beyoncé, Madonna, The Who, Katy Perry, Justin Timberlake et l’incroyable performance de Prince sous la pluie diluvienne de Miami en 2007.
Quel matériel Nikon utilisez-vous ?
Je suis dans une phase de transition du système classique réflex au système sans-miroir (hybride). Lorsque le Z 9 sera disponible, je n’aurai plus de boitier réflex. Pour le moment donc, mes boitiers sont les Nikon D4S/Z6/Z7 et mes principaux objectifs : Z 20/1.8, Z 24-70/2.8S, AF-S 70/200/2.8 VRII, AF-S 85/1.4, AF-S 58/1.4, AF 14/2.8, PC 45/2.8, AF-S 300/2.8VR, AF-S 400/2.8II.
Les photos dont vous êtes le plus fier ?
Coupe du monde 1998 Paris : contrôle aérien de Zinedine Zidane contre l’Italie. La grâce du génie. Négatif couleur. Nikon F5 couplé au AF-S 600/4. Cette image est disponible en galerie.
Finale Coupe du Monde 1998 Paris : corner de Djorkaeff, j’anticipe la présence de ZZ au premier poteau et je reste fixe, je ne suis pas la trajectoire du ballon. Résultat une série de 6/7 photos où on voit ZZ battre Leonardo et Tafarel, le gardien Brésilien qui regarde impuissant le ballon rentrer dans son but. Une photo de cette série fera une double page dans le numéro historique de Paris-Match. Un tirage triptyque de l’action est disponible en galerie.
Couverture Equipe Magazine avec Michael Jordan à Chicago : une séance extrêmement difficile à mettre en place, convaincre les gens de Nike et de MJ que l’endroit que j’avais trouvé était bien meilleur que le site original, jusqu’au dernier moment et après plusieurs heures d’attente je n’étais pas sûr que le grand Jordan vienne. Il finit par arriver avec son entourage, on se sert la main, je lui explique ce que je veux faire, 18 clics et 1 minute 15s plus tard, il repart sous l’ordre de son assistante. Il se tourne vers moi « Did you get what you need? » je le regarde en haussant les épaules et il éclate de rire en désignant son assistante « She’s the boss you know! ». 2 semaines plus tard je fais la couverture de l’Equipe Magazine et la double d’ouverture de ce numéro spécial MJ.
Super Bowl LIII Atlanta : Les New England Patriots remportent un nouveau titre, tout le monde veut une photo de Tom Brady, le golden boy de la league, qui devient le joueur le plus titré de l’histoire du Football Americain. A la fin du match tous les médias se jettent sur lui, je décide de rester en retrait et j’observe. Je surprends une discussion entre un producteur d’ABC et un de ses cameraman, ils vont avoir Tom Brady et Julian Edelman (MVP du Super Bowl) ensemble dans moins de 5 minutes. Je ne lâche plus le cameraman, je réalise finalement une photo où les 2 joueurs hurlent de joie les bras en l’air dans ma direction. Cette photo fera la double page dans TIME MAGAZINE comme image de la semaine. Une grande fierté sachant que de très grands photographes de sport étaient présents ce jour-là comme Simon Bruty de Sports Illustrated ou Al Bello de Getty Images.
Quels événements vous attendent dans les semaines à venir ?
Je viens de changer de statut et me lance en indépendant sous le nom de LH Studio. Un vrai challenge mais également beaucoup d’enthousiasme et d’excitation pour ce nouveau chapitre de ma vie pro. J’ai un certain nombre de portraits corporate à réaliser dans les secteurs de la recherche et de l’environnement. Une autre commande pour la Fédération Française de Tennis fin août. La reprise des championnats professionnels est proche, je devrais recevoir quelques commandes de reportages. Sinon, je me suis positionné sur un projet à l’étranger pour une durée de 6 à 9 mois et j’espère en faire partie. Wish me luck!
Retrouvez le travail de Lionel sur son compte Instagram. Plongez également dans les coulisses de son métier à travers cet ancien live ayant eu lieu sur notre compte Facebook.
Beau travail Monsieur
fait réver
Magnifique reportage,dans tout les domaines….Sports…Peoples…
J’adore.