Le photographe français Yohan Terraza revient sur le Mag pour nous présenter une nouvelle série photographique composée de paysages nocturnes étoilés. Découvrez son récit.
D’une manière générale, il est assez incroyable de voir à quel point les projets dans lesquels on met une certaine attente ou une grande espérance, se révèlent finalement des points de départs et non des buts une fois réalisés.
La nuit m’a toujours fasciné, mais c’est uniquement quand j’ai commencé à m’y intéresser sérieusement en photographie que j’ai compris à quel point elle allait me permettre d’atteindre certaines choses intérieures. Tout ça n’est qu’un début et le processus de création est aussi plaisant que la finalité elle-même.
Peu importe si la photographie de nuit n’est pas la plus facile techniquement à réaliser, c’est avant tout une chance de pouvoir vivre et peindre des moments où tout est à disposition pour y projeter un peu de soi. Je ne pense jamais à la technique ou au matériel. Ce ne sont que des outils, bien qu’il faille pouvoir compter dessus.
J’ai toujours travaillé ces images en full frame : avec une lumière difficile, il faut pouvoir avoir s’appuyer sur un rendu qualitatif. Mes premières photos de nuit ont été réalisées avec un D700, mais j’ai clairement senti la réelle différence quand je suis passé au D750 et sa montée faramineuse en ISO. Passer au-delà des 10 000 ISO et rester dans un rendu qualitatif ouvre de nouvelles perspectives d’expression.
La nuit étant tellement nuancée selon qu’elle soit illuminée par la Lune ou non, les rendus sont toujours très différents et demandent une faculté d’adaptation. Même si je ne suis pas le mieux placé pour parler de technique, elle est évidemment nécessaire, surtout sur ce genre de prise de vue.
Le trépied, accessoire dont je me passerai bien si je pouvais, m’est bien entendu indispensable, ainsi que mon 24-70mm. Certaines photographies sont également réalisées avec mon 50mm et je n’utilise que très rarement des focales plus longues pour les photos de nuit. Faire la mise au point sur un sujet est très facile avec si la Lune est présente, beaucoup plus technique si elle n’est pas là, selon où se trouve son sujet. La lampe frontale est à ce moment là la meilleure des amies.
D’une manière générale, l’inspiration se fait dans l’enfance, les dilemmes et les questions ainsi que dans la musique. Les phases de post-production se font généralement avec du Dead Can Dance dans les oreilles et tout autre groupe aillant cette portée que je cherche à insuffler dans mes photographies.
La plupart du temps, je suis devant et derrière l’objectif, faisant ce travail surtout tout seul. Cependant, il m’arrive d’être avec ma compagne sur le terrain qui pose ou déclenche l’appareil une fois que j’ai fait mes cadrages et mes réglages. Son œil sur les choses est très souvent d’une grande aide et j’aurais pu co-signer quelques images avec elle, ne serait-ce que grâce à ses suggestions.
J’aime ces moments seul mais j’aime également les partager avec elle. Il y a une complicité d’auteurs à ce moment là ; un duo créatif qui porte la même définition de la contemplation.
Il n’est pas nécessaire que ce soit moi sur les images mais ayant une idée précise de ce que je souhaite me dire avec elles – car le but premier est ici d’être d’accord avec moi avant de montrer ces photographies – est un pont entre ce que je cherche dans le passé et la projection que j’y fais au présent.
Récemment, j’ai écris un texte, Nox, qui parle des influences qui m’ont naturellement poussé à travailler ce genre d’images. J’y parle notamment de l’Histoire sans Fin, film que beaucoup de trentenaires connaissent aujourd’hui. Je ne peux nier l’influence qu’il a eu sur moi étant enfant. Pas tant pour le film lui-même, mais bien pour ce qu’il m’a fait ressentir et m’a amené à vouloir faire, à travers ma sensibilité. Puiser et traduire les sentiments de l’enfance est un mécanisme de création dénuée de toute barrière de jugement. On ne peut cependant le faire qu’en accord avec son présent d’adulte pour qu’il puisse avoir la portée qu’il mérite.
J’avoue avoir du mal avec cette nouvelle mode de la photo lissée et « parfaite » où tout est livré et magnifié pour un auditoire consommateur d’un grand nombre d’images à la minute. La suggestion a beaucoup plus à dire que l’illustration. « Peut-être qu’il faudra (ré)apprendre à contempler le monde » disait récemment Dominique Bourg, philosophe et professeur à l’Université de Lausanne. Je ne peux qu’être en accord avec cette justice contemplative et la juste place qu’elle doit avoir en chacun de nous ; car au-delà d’une exploration et d’une quête personnelle, La Nuit – c’est le nom de ce travail aux relents d’une histoire sans fin – est véritablement destinée au partage et à faire découvrir le berceau de nos rêveries.
Magnifiques ces photos.. pleines de lumière… mais une bonne part de technique…avec des appareils, je dirai, sophistiqués…
Personnellement je prends des photos avec un appareil…(bridge) avec lequel je !n’utilise que peu de réglage! Par contre j’aime bien l’originalité des sujets et la spontanéité mais sans retouche :
exemple: une fleur fanée…. quel est le personnage qui se cache ?
A quelques fleurs fanées mêlées à quelques paysages un peu fantastiques (brouillard,brume,soleil levant ou couchant, nuages évoquant des formes)assaisonnés avec un peu d’imagination : on a un un fameux support pour écrire des histoires illustrées !!!