Rencontre avec le photographe et vidéaste Alexandre Sattler, qui nous propose de découvrir la Birmanie à travers un projet hommage à l’un des plus beaux sites historiques au monde : « Bagan ».
Pour commencer, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Amoureux du vivant, de la planète et de ses habitants, j’ai dès la fin de mes études de naturaliste commencé à voyager et à travailler sur différents projets solidaires. La photo est venue naturellement à moi comme le moyen le plus simple de partager mes expériences vécues à l’étranger sous forme de diaporamas et de conférences.
Toujours dans cette idée de partage d’expérience, je me suis mis également à travailler pour les radios indépendantes en produisant des émissions sur le thème de l’environnement, de l’écologie et du voyage. Aujourd’hui, je continue la photographie d’une manière professionnelle et vit de ce métier depuis 4 ans.
Comment est né ce projet de timelapse à Bagan ?
Lors de mon premier voyage en Birmanie en 2007, la junte armée était encore au pouvoir, et le tourisme quasi-inexistant. Je me suis rendu sur place pour une ONG juste après le passage du cyclone Nargis, qui avait fait plus de 200 000 victimes. J’ai tout de suite été fasciné par ce pays et j’y suis retourné en 2013. La situation était complètement différente, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, a finalement été libérée par l’armée, et le système politique m’est apparu en profonde mutation. Ce qui m’a le plus surpris était l’évolution très rapide du tourisme. J’ai donc voulu y retourner encore une fois, pour travailler sur un projet photo qui puisse rendre hommage à l’un des plus beaux sites historiques au monde : « Bagan ».
La photo est venue naturellement à moi comme le moyen le plus simple de partager mes expériences vécues à l’étranger
Alexandre Sattler
« N’est constant que le changement » disait le Boudha, et la photo est pour moi un moyen de rendre éternelle une situation qui forcement va être amenée à évoluer. Et le site de Bagan se modifie très rapidement depuis l’ouverture du pays aux étrangers qui viennent en masse.
Comment prépares-tu une telle expédition ?
Assez simplement : tout commence par une idée, après il s’agit de la rendre réalité. Mon idée était de retourner à Bagan pour réaliser un timelapse. J’ai écrit un petit dossier pour clarifier mon projet et chercher quelques partenaires pour m’épauler dans cette aventure. Le premier à avoir répondu présent est Hervé Fléjo, un expatrié qui vit à Yangoon. Nikon a suivi en me mettant du matériel à disposition, ensuite les partenariats se sont enchainés avec LaCie, Vauguard, Lowepro, PNY et Skypix.
Quel matériel as-tu emmené avec toi ? Quels boîtiers et quelles optiques utilises-tu et pourquoi ce choix ?
Je suis parti avec 3 boitiers robustes et résistants. J’ai choisi le D4S pour sa grande sensibilité dans les basses lumières. Le D4S est parfait pour les photos de nuit dans des conditions de lumière ténues. Je l’ai équipé d’un 24-70 mm f/2.8.
Le D810, quant à lui a su me surprendre par son efficacité tout terrain et le rendu de détail incroyable de son capteur de 36 millions de pixels. De nuit sous les étoiles, avec l’excellente optique 14–24 mm f/2.8, les images réalisées sont superbes et précises. Le D600, équipé d’une 28 – 300 mm a principalement été utilisé pour la réalisation de la vidéo du making of.
Dans ma valise j’ai également pris du matériel spécifique aux timelapses. Ambassadeur de la marque Skypix en France, j’ai embarqué un rail, un moteur, et un astro dolly, que vous pourrez voir dans la vidéo du making of ou sur mon site Internet.www.gaia-images.com
Quelles sont les clés d’un timelapse réussi ?
Pour bien réussir son timelaspe, il faut selon moi commencer par bien observer son environnement et chercher à le comprendre : d’où vient le vent ? Dans quel sens se déplacent les nuages ? Les étoiles ? La lune et le soleil ? Y a-t-il des éléments particuliers qui pourraient rendre les images plus impressionnantes, un premier plan par exemple. Se pose ensuite des questions plus techniques quant aux réglages du boîtier, à l’orientation du rail et au réglage de l’intervallomètre et du moniteur externe que j’utilise.
Ensuite, il faut être patient, prendre le temps d’être dans la contemplation, c’est sans doute cette envie qui m’a amenée à développer la technique du timelapse.
Comment produis-tu les filés sur les ciels étoilés que l’on peut voir dans la vidéo ?
Dans la vidéo timelapse « Bagan sous les étoiles » on peu effectivement voir un effet de filé d’étoile. Cet effet à été réalisé en post-production avec le logiciel After Effect. Il s’agit de compiler plusieurs images pour tracer le filé d’étoile.
Quel est ton prochain projet photographique ?
Je suis heureux de savoir que bientôt un nouveau boitier Nikon sera disponible. Le D810A ! Dans le projet Bagan sous les étoiles, j’ai passé plusieurs nuits dehors, sous les étoiles à observer cet univers céleste plein d’énigmes. L’observation a fait vagabonder mes pensées dans des horizons lointains, il me tarde de pouvoir photographier le ciel à nouveau, dans les régions reculées, loin de toute pollution lumineuse, pour laisser place à cet univers si vaste et mystérieux. Le D810A, et son capteur spécialement conçu pour l’astrophotographie, pourrait être mon meilleur compagnon dans cette nouvelle aventure photographique, la tête dans les étoiles.
Je pense me rendre en Islande pour ce nouveau projet de timelapse. Reste maintenant à trouver les partenaires qui me suivront !