A seulement 17 ans, Sarah Meyssonnier est la photographe la plus jeune accréditée sur le Tour de France. Malgré son jeune âge, elle a la tête sur les épaules et pense déjà à son prochain objectif : devenir journaliste de sport.
D’où te vient ta passion pour la photographie ?
Ma passion pour la photo vient de mon meilleur ami avec qui je partage la passion du cyclisme. Il m’a poussé à m’améliorer dans la photo sportive et à m’initier à la photographie. J’ai vite trouvé un réel plaisir à prendre des photos que cela soit du sport, des paysages ou même des portraits. J’ai fini par m’inscrire dans un club photo pour m’apporter la technique qui me manquait.
Quels sont les photographes qui t’inspirent et pourquoi ?
J’ai été très inspirée par Robert Doisneau avec ses photos de scènes de la vie de tous les jours mais qui possèdent une véritable histoire. J’adore les œuvres d’Elliott Erwitt car elles peuvent parfois être pleines d’humour et légères et parfois dures et dénonciatrices. Il est pour moi une véritable inspiration et j’admire énormément toutes ses photographies.
Je passe beaucoup de temps à regarder les photos de cyclisme et nombreux sont les photographes dont je prends exemple !Jim Fryer et Iri Greco (qui seront mes maîtres de stages sur le TDF 2015) sont aujourd’hui les seuls à conjuguer la photo de sport et le côté artistique de la photographie classique. Leurs œuvres portent un véritable message, ce sont de vraies photos d’art. Il y a aussi Scott Mitchell, adepte du noir et blanc, qui se focalise sur les scènes du quotidien en course et grâce à cela, il se différencie des autres photographes qui sont uniquement là pour saisir la course.
Quelle est la photo qui t’a le plus marquée ?
C’est une photo que j’ai découverte cette année en faisant des recherches pour un exposé sur la guerre du Vietnam. J’ai découvert le photographe Nick Ut dont les photos de ce triste événement sont célèbres. Il est surtout connu pour la photo des enfants brûlés au Napalm mais la photo qui m’a le plus choquée est celle du fusillé. On y voit un homme menotté en train de se faire tirer dessus. Cette photo est d’une violence indescriptible alors que la balle n’a pas encore été tirée.
Peux-tu nous raconter ton accréditation pour le Tour de France ?
Tout commence en 2013 où, j’étais finaliste du concours des « Jeunes Reporters du Tour », organisé par ASO (Amaury Sport Organisation) et l’Equipe, lesquels donnaient la chance à 6 jeunes de faire le Tour en tant que journaliste. Je n’ai pas remporté ce précieux prix mais comme lot de consolation ASO permettait d’accéder à un départ ou à une arrivée du Tour 2013. J’avais décidé de me rendre à celui de Vaison la Romaine, près de chez moi, et de profiter de cette invitation en interviewant deux photographes que j’avais rencontrés sur Instagram, Jim Fryer et Iri Greco. J’espérais que cet article soit mon sésame pour le concours de l’année suivante. Seulement, à mon grand désespoir, ASO a décidé d’arrêter le concours des Jeunes Reporters. A côté de cela, je suis restée en contact avec Jim par Facebook.
Sur le Tour 2014, à Nîmes, j’ai croisé à nouveau les deux photographes de BrakeThrough Media et Jim m’a dit que c’était compliqué de se voir qu’une fois dans l’année et qu’ils aimeraient bien me voir plus souvent. Cette phrase a été comme un déclic. Pourquoi ne pas passer les 3 semaines du Tour ensemble l’an prochain?
En Août, j’ai commencé à monter le projet d’un stage photo avec eux et en parallèle, la création d’un site web, « Roulez Jeunesse », qu’ils ont accepté pour mon plus grand bonheur.
En quoi consistera ta « mission » sur le Tour ?
Lorsque je serai sur le Tour, j’aurai deux « casquettes ». La première, celle de stagiaire assistante photo pour BrakeThrough Media, où je serai là pour apprendre de mes maîtres de stages au niveau technique et de la post-production. Ils comptent également me montrer comment fonctionne leur entreprise. Je serai aussi leur traductrice lorsqu’ils seront avec des équipes françaises.
La seconde casquette, celle de « photo-journaliste » pour Roulez Jeunesse, où je devrais par moi-même réaliser des reportages, des interviews sur le Tour que ce soit sur des coureurs, des mécaniciens, des caravaniers ou même des fans sur le bord des routes, afin de montrer les coulisses de la Grande Boucle.
Quelles sont les particularités de la photo de cyclisme ?
Je ne suis pas vraiment experte en la matière mais la photo de cyclisme est très exigeante. Elle demande une maîtrise complète de son boitier car cela va très vite (une arrivée au sprint peut aller jusqu’à 75km/h). Il est très important de capter le visage du cycliste car il révèle toutes les émotions qui peuvent l’habiter et c’est souvent la clé d’une très bonne photo.
Nikon t’accompagne sur le Tour en te prêtant du matériel : qu’as-tu choisi et pourquoi ?
Pour le Tour, j’ai choisi le Nikon D7200 pour son système AF quasiment professionnel et sa plage de sensibilité qui peut aller jusqu’à 26 000 ISO ce qui le rend très utile lorsque la luminosité est faible. Comme objectif, le 18-300 mm f/3.5-5.6 G me semble parfait. Il est très polyvalent, ce qui permet de ne pas perdre de temps (ce qui n’est pas négligeable sur un évènement sportif tel que le Tour). J’ai voulu essayer le 50 mm f/ 1.8G car j’adore réaliser des portraits et c’était l’occasion pour sauter le pas et tester un objectif avec focale fixe.
Quel cliché rêverais-tu de faire durant le Tour ?
Le cliché de mes rêves serait celui où je pourrais capturer toute l’émotion : un vainqueur criant de joie une fois la ligne passée, un coureur ayant les larmes aux yeux suite à une défaite, la joie d’une équipe qui vient de triompher … en un mot, un cliché qui interpelle le regard par l’émotion qu’il transmet.