Dans le cadre du Nikon Film Festival, l’équipe du Mag a décidé de mettre en lumière ces métiers du cinéma, souvent trop peu connus du grand public et qui pourtant, sont essentiels dans l’aboutissement d’un film. Ainsi le chef opérateur, appelé aussi directeur de la photographie, est l’un des techniciens de l’image les plus créatifs. Pour mieux comprendre ce métier, nous avons rencontré Olivier Tresson, chef opérateur pour le grand et le petit écran, qui nous parle de son métier et de sa passion pour l’image.
Comment définiriez-vous le métier de chef opérateur ?
Le chef opérateur est responsable de l’image du film. Il essaie de retranscrire les idées visuelles d’un réalisateur en réalité technique. Il doit trouver le bon équilibre pour respecter la vision du réalisateur tout en amenant des idées qui lui paraissent pertinentes pour le projet.
Ce métier exige d’être à l’écoute, de dialoguer avec tous les corps de métier d’un film, d’être réactif et créatif tout en respectant des contraintes, notamment budgétaires. C’est un métier très varié qui demande une capacité d’adaptation constante, ainsi peut-on passer d’une publicité avec des bébés à un film d’époque en costume. Exercer ce métier est passionnant.
Avez-vous suivi une formation spécifique pour faire ce métier ?
J’ai fait l’ESRA – École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle – option « Image » en 3 ans. J’ai fini mes études en 2005, et après être passé par les postes d’électricien et d’assistant caméra, j’ai commencé à travailler comme chef opérateur en 2008 sur des courts-métrages, des publicités, des clips musicaux et des films institutionnels.
Quelles sont les différentes étapes du travail d’un chef opérateur ?
La première étape est la rencontre avec le-la réalisateur-trice, la lecture du scénario et de la note d’intention image pour définir et comprendre l’atmosphère du film. La seconde étape est le travail de réflexion sur les lumières. Les choix sont faits afin que les ambiances de chaque scène soient porteuses de sens, mais aussi afin qu’elles soient en accord avec la vision globale du film. En effet, l’ensemble doit être harmonieux au montage.
S’en suivent les repérages, qui sont cruciaux pour évaluer les possibilités de lumière des lieux du tournage et qui ouvrent souvent de nouvelles perspectives. Le travail se poursuit avec beaucoup de réunions et d’essais pour sélectionner le matériel et fixer les choix artistiques. La dernière étape, et pas des moindres, est le tournage en lui-même.
Sur quel projet avez-vous préféré travailler ?
Les projets sur lesquels je préfère travailler sont ceux où je suis également réalisateur. Même si cumuler les casquettes de réalisateur et de chef opérateur n’est pas sans stress, je peux créer une image plus personnelle. Travailler sur les films des autres est très enrichissant, mais réaliser mon propre film, clip ou pub, me permet de montrer vraiment mon univers.
Comment décririez-vous votre touche personnelle ?
En général, et quand le sujet s’y prête, j’aime travailler par petites zones, pour mettre en valeur les éléments un par un, plutôt que de proposer un éclairage global. J’utilise des petites sources de lumière que je place à différents endroits du plateau. J’aime beaucoup le contraste dans la couleur au sein d’une même scène.
J’aime aussi utiliser des lumières déjà existantes, que je place dans le champ de la caméra. J’ai passé mon enfance dans les années 1980 et je suis très influencé par l’esthétique de cette époque depuis longtemps.
Quel est le secret de votre créativité ?
Je pense qu’il faut rester curieux et observateur dans ce métier, un peu comme un enfant qui découvrirait les choses pour la première fois. Bien évidemment, je fais des recherches, je regarde beaucoup de films, mais les bonnes idées peuvent aussi surgir au cours d’une simple promenade ou d’une soirée entre amis. J’essaie de garder mon « radar » actif en permanence.
Chaque nouveau projet peut être l’occasion de tester de nouveaux dispositifs, quitte à sortir de ma zone de confort. Je m’efforce de ne pas toujours appliquer les mêmes vieilles recettes, de ne pas tomber dans une certaine routine. Les règles sont importantes, elles sont même une base de travail indispensable mais il faut prendre le risque de s’en écarter quand cela est possible. Il faut se mettre à la place du spectateur, surtout ne pas faire des images pour soi.
Pourquoi avoir choisi de travailler avec du matériel Nikon ?
J’ai vraiment commencé la photo en 2002, avec un Nikon F65. Puis je suis vite passé à un FM2+ moteur. Pendant deux ans, je m’occupais du labo photo de mon école : on y développait et exposait nos tirages. En 2004, je suis passé au numérique et j’ai travaillé avec un D70, puis un D80.
Quand les reflex vidéos sont arrivés, nous les utilisions surtout pour tourner en complément d’une grosse caméra, par exemple pour des plans en voiture, sous l’eau… Puis nous avons commencé à réaliser des films entièrement en DSLR. J’attendais depuis longtemps un boitier vidéo qui me permettrait de retrouver la qualité de l’image photographique Nikon. J’ai débuté avec un D600 qui m’a donné les moyens de faire de belles images avec des contrastes doux et un rendu vraiment fidèle sur les peaux.
Aujourd’hui, j’utilise un boitier D750 accompagné d’un enregistreur externe Atomos, que je complète avec les 20, 24, 35, 50 et 85mm AFD Nikon, des optiques argentiques qui s’accordent très bien avec le D750 pour la vidéo. C’est une configuration légère et qui rend possible la réalisation de très belles images à petit coût.
Avez-vous des projets en cours ?
J’ai tourné cet été un petit film uniquement en lumière naturelle, une balade dans les plus beaux paysages du Cantal, la région de mon enfance. J’avais depuis longtemps envie de partager en images ce petit coin de paradis sauvage et peu touristique. J’ai aussi des projets de clips que j’aimerais réaliser et mettre en lumière cette année. Je cherche des groupes intéressés et dont l’univers musical pourrait se marier aux images que j’ai en tête. Alors avis aux amateurs…