Gérard Planchenault, photographe et formateur Nikon School vous invite, image à l’appui, à travailler votre créativité en jouant avec les couleurs, les formes et les tonalités. Parmi les différents outils de créativité que la photographie met à votre disposition, comme le travail sur le net-flou, ou le rendu d’un mouvement en basse vitesse, il en est un qui est apparu dès les premières peintures : le contraste. Qu’il soit de couleur, de tonalité ou de forme, le contraste met en jeu les oppositions, parfois subtiles, parfois extrêmes, selon l’ambiance que l’on souhaite créer.
Le contraste de tonalité
Le plus classique, joue sur la distribution des hautes et des basses lumières : une image très contrastée présente des zones très marquées noires et blanches et donne un rendu dur et dramatise l’ambiance. Au contraire, une image peu contrastée, exprime davantage la douceur et la sérénité.
L’image ci-dessus est inspiré du clair-obscur dont le peintre Caravage a fait sa spécialité sur la thématique de la spiritualité et où il met en opposition des zones sombres représentant les ténèbres et des zones de forte lumière, symbole de l’essence divine. Ici, des pèlerins sont baignés dans l’obscurité d’une église pour un meilleur recueillement, mais sont imprégnés de la lumière issue des fenêtres, dont la forme en croix augmente le rapport au divin. D’un point de vue de la composition, l’image est construite sur la diagonale créée par les deux centres d’intérêt de l’image : la croix et le groupe de pèlerins, répartis sur l’oblique de l’image et située aux deux points forts de l’image. Le fait d’avoir cadré assez large renforce l’importance donnée à la masse sombre du mur derrière les pèlerins et participe au renforcement de ce clair-obscur.
Le contraste de couleur
Il joue sur les couleurs complémentaires. On oppose en général des couleurs dites froides, comme le bleu et le vert, aux couleurs chaudes (rouge, jaune, orangé). Ce chaud-froid crée une tension immédiate qui déstabilise mais qui attire irrésistiblement le regard.
Quoi de plus banal qu’un objet du quotidien comme un téléphone portable pour explorer le jeu du contraste de couleur. Ici on oppose sur le cercle chromatique le doré de la coque du téléphone au violet de l’écharpe. Un dosage net-flou, permet d’équilibrer ce contraste, où l’écharpe occupe une part importante de l’image, mais dont le flou renvoi naturellement le regard sur ce que contient la main. Une fois l’œil placé au centre, le contraste local offert par la variété de couleurs très acidulées sur les ongles offre au spectateur une richesse d’éléments à explorer.
Le camaïeu
A l’inverse du contraste de couleur, le camaïeu est utilisé pour créer une atmosphère harmonieuse.
Dans cette image très graphique de piments sur un étal de marché, on oppose la surface lisse des légumes aux tiges plus sinueuses et à la structure des graines en transparence. Les teintes, sont soit foncées, soit éclaircies par le soleil, mais toujours dans une palette restreinte de rouge-brun où aucun autre élément coloré ne vient perturber l’harmonie. Les tiges restent dans la même teinte, plus claire, et contribuent à affirmer le graphisme de l’image. Le soleil de fin de journée apporte un éclairage rasant qui créé un clair-obscur et permet de restituer la profondeur. En termes de composition, le piment situé en bas à droite ferme l’image mais l’orientation de sa tige ramène l’œil au centre de l’image pour faire circuler le regard.
Le contraste de forme
Il met en contradiction des éléments du sujet ou du décor dont les lignes, les courbes et les surfaces viennent en contradiction.
Le travail sur le reflet offre souvent la possibilité de semer le doute sur la vision des éléments du réel, comme ici de simples bâtiments, en en donnant une vision réduite à leur forme, plus épurée, et donc de source plus créative. Dans cette image où le reflet d’un bâtiment sur une vitre est juxtaposé à une peinture murale, on joue sur le contraste de lignes. Les verticales des bâtiments, éléments stables par essence, s’opposent aux obliques de la peinture murale qui semblent ne demander qu’à tomber pour trouver la stabilité. La composition est ici très imprégnée de ces oppositions qui prennent toute la surface de l’image. Les obliques situées à gauche de l’image poussent le regard vers le centre et le haut de l’image où sont situés les gratte-ciels. L’image est également équilibrée par la partie circulaire, à droite, qui ramène le lecteur au centre de l’image.
Le contraste de quantité
Comme le contraste de forme, vient souvent en appui des contrastes de couleur ou de tonalité. Il vise à opposer des couleurs complémentaires – ici le rouge et le vert – qui occupent des espaces de tailles très inégales.
Cette image de vitrine pourrait se réduire à trois petites taches rouges dans un grand rectangle vert. Le contraste de couleur en chaud-froid ici est renforcé par cette opposition entre les habits et bérets rouges dont la surface est très réduite et le fond vert de la vitrine qui occupe une surface très importante. L’usage de ce type de contraste apporte équilibre à la photo, alors même qu’une opposition en chaud-froid de zones de surfaces relativement similaires donnerait une vibration très forte qui déstabiliserait le spectateur. La position linéaire de ces des trois tâches rouges apporte également de la stabilité à la composition.
Pour aller plus loin
Ces notions sont autant d’outils pour enrichir vos images. Testez-les indépendamment les unes de autres, tentez de les associer et de les combiner à d’autres outils de composition, à des outils de restitution de la profondeur de champ ou du rendu de mouvement.
L’ensemble de ces notions sont abordées lors de la formation Nikon School de Gérard Planchenault :
Images réalisées par Gérard Planchenault
Bonjour, les photos de Gérard Planchenault sont magnifiques, tellement intéressantes à l’image des stages qu’il anime avec passion. Bravo l’Artiste.