Spécialiste de la photographie de sport, Philippe Montigny nous a accordé un entretien pour revenir sur l’édition 2017 des 24H du Mans, course automobile mythique qu’il à couvert accompagné de son matériel Nikon. A cette occasion, il a pu tester le nouveau Nikon D7500, il raconte.
Pourriez-vous tout d’abord nous retracer votre parcours de photographe en quelques mots ? Est-ce l’amour du sport ou la quête de l’image d’action parfaite qui vous a poussé à devenir photographe de sport ?
J’ai commencé la photographie en 1991 à Orléans avant d’intégrer l’agence Vandystadt en 1998. La passion du sport et de la photo m’ont permis de réaliser mon rêve en couvrant de grandes épreuves sportives tels que les jeux olympiques ou le tour de France.
Comme on peut le découvrir sur votre site, vous êtes un photographe omnisport. Quelles qualités faut-il avoir pour être un bon photographe de sport ? Y a-t-il un sport en particulier que vous aimez photographier ?
Il faut être attentif car tout peut arriver à tout moment, et connaitre un minimum les différentes disciplines afin de les exploiter au mieux pour réussir de belles images.
Vous avez couvert cette année les 24h pour le compte de l’ACO et de Nikon. C’est une compétition que vous connaissiez déjà ?
J’ai couvert cette épreuve à plusieurs reprises lorsque j’étais à l’agence, et c’était un grand plaisir de revenir sur cette course magique et mythique.
Sur le plan sportif, l’édition 2017 des 24h du Mans s’est révélée pleine de surprises et de rebondissements. Quelles sont les images que vous recherchez en particulier ?
Il est impossible d’être toujours au bon endroit au bon moment compte tenu de l’étendue du circuit. La manière de photographier la course dépend aussi de la destination finale des images (presse ou corporate). Par contre, c’est une des rares compétitions sportives ou l’on peut mettre le lever ou le coucher de soleil dans le cadre, donc il ne faut pas rater ces moments-là si la météo le permet…
Pour réaliser ce genre de reportage, quel matériel utilisez-vous habituellement ? Quelle est la focale idéale pour la course automobile sur circuit ?
Mon équipement est composé de boitiers Nikon D5 et D4S, deux zooms 24-70/2.8 et 70-200/2.8. J’utilise également un 200-400 f/4, mais pour le sport automobile les focales idéales, compte tenu des dégagements de sécurité autour du circuit, sont le 500 ou le 600 mm.
Vous avez également eu dans les mains le nouveau boîtier Nikon D7500. Qu’avez-vous trouvé comme qualités sportives à cet appareil ?
J’ai apprécié sa belle ergonomie. Il est compact et très maniable. Le viseur offre un bon confort et les collimateurs autofocus sont bien visibles. J’ai été agréablement surpris par l’efficacité de l’autofocus notamment face aux phares LED puissants des voitures.
Quelles règles de base faut-il avoir en tête pour produire de belles photos de course automobile ? Et quels sont les écueils à éviter ?
Au-delà des aspects purement techniques, il faut essayer de composer une image avec un fond qui ne soit pas trop présent pour maintenir l’attention sur la voiture. Le filé est une technique pour y parvenir. Par ailleurs, il ne faut vraiment déclencher que si c’est beau dans le viseur et ne pas multiplier les déclenchements dans l’espoir de sortir une belle photo de la masse.
Parmi vos images, celles prises « en filé » restituent particulièrement bien l’impression de vitesse. Quelle est la meilleure technique pour réussir ces images en vitesse lente sur un sujet rapide ? Quelle est la vitesse d’obturation idéale pour avoir un beau filé sans risquer trop de « flou de bougé » ? Utilisez-vous la stabilisation optique ?
Chacun a sa technique. Je ne déclenche pas en rafale pour éviter les vibrations même si les boitiers D5 et D7500 possèdent un mécanisme d’amortissement efficace. Pour la vitesse de déclenchement, plus elle est basse, plus les fonds sont gommés et graphiques, mais en dessous du 10è de seconde, il y a beaucoup de déchets. Je n’utilise pas la stabilisation optique pour ce genre d’image.
Pourriez-vous nous dire quelle est l’image que vous préférez dans votre production de cette année au Mans et ce qui fait qu’à vos yeux c’est la plus réussie ?
Je suis assez content des filés de nuit, surtout lorsque l’on voit bien les disques de freins rougir sur les gros freinages, mais les deux images que je trouve plus intéressantes dans un registre plus émotionnel sont celles montrant d’un côté le désarroi des mécaniciens de Toyota après l’abandon de deux voitures en peu de temps, et à l’inverse, la sérénité des mécaniciens Porsche au triomphe modeste après tous les rebondissements dans la course.
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