En photo animalière, comme c’est le cas de beaucoup de sujets, la première approche est souvent liée à ce que l’on photographie. On reconnaît une grue cendrée, ou un pygargue à tête blanche, et on souhaite l’immortaliser en le photographiant. C’est une approche zoologique qui a toute sa valeur. Certains photographes animaliers sont appréciés parce qu’au-delà de cette photographie du réel, ils apportent une dose d’esthétique voire de créativité, qui donne à leur image un caractère émotionnel, voire poétique.
Les choix de lieu et d’heure sont pour beaucoup dans cette approche créative de la photo animalière et nous allons voir que les réglages de l’appareil peuvent alors contribuer pour beaucoup dans le rendu final de l’image.
L’image ci-dessus est l’illustration d’une photographie qui répond à un parti pris esthétique volontaire. L’appareil, utilisé avec ses réglages d’usine, n’aurait pas donné cette tonalité dorée et n’aurait sûrement pas exposé en contre-jour. Il aurait atténué la dominante jaune et aurait davantage moyenné l’exposition. Face à un tel spectacle, le photographe peut s’engager vers des choix plus tranchés pour sortir des sentiers battus.
En terme d’exposition, la cellule de l’appareil est ici décalée d’une valeur (-1IL) afin de densifier les hautes lumières, ce qui a pour effet immédiat d’augmenter la saturation sur les teintes jaune-orangé. Afin de conserver cette dominante, le choix de la balance des blancs sur le réglage « Lumière du jour » évite la compensation qu’aurait apportée la balance des blancs auto.
Egalement, avec le choix de la sous-exposition le photographe assume le contre-jour, pour valoriser les courbes du cygne vu de profile. Dans une autre position, de face, la silhouette du cygne n’aurait pas été si lisible, et le choix du contre-jour ne se serait pas autant imposé.
Le photographe est parfois tellement concentré sur ses réglages qu’il en oublie presque l’essentiel : la composition. En effet, composer c’est choisir son point de vue, c’est-à-dire l’angle sous lequel on photographie son sujet, et c’est aussi positionner les éléments dans le cadre pour chercher les lignes de force.
Sur l’image ci-dessus les oiseaux semblent voler très haut dans le ciel : le photographe a volontairement supprimé tout élément terrestre, pour ne laisser apparaître que ciel et nuage. La solution pour une telle image ? Prendre de la hauteur. Cherchez toujours un point de vue qui vous permet d’aligner les éléments que vous voulez voir à l’image, ici les grues, les nuages, et la percée lumineuse dans le ciel. Et portez une attention particulière aux éléments que vous ne souhaitez pas montrer : parfois il suffit de se décaler de quelques centimètres pour qu’un panneau de signalisation s’efface derrière un tronc d’arbre.
Ici, à l’inverse, il aura suffi au photographe de se baisser de quelques millimètres pour que les deux colonnes de grues suivent comme par enchantement les lignes tracées par les masses nuageuses et le soleil qui tente de les percer.
Sur cette dernière image, le photographe souhaitait à la fois figer l’atterrissage de l’aigrette, tout en contrôlant l’effet net-flou entre le premier animal et ses congénères en arrière-plan. Afin de contrôler à la fois le rendu du mouvement, et la profondeur de champ, le réglage manuel s’est vite imposé.
La vitesse réglée sur le 1/400s est suffisamment rapide pour figer l’oiseau, ce qui n’aurait pas été le cas pour un martin pécheur, beaucoup plus rapide. D’autre part, une focale longue, ici 300mm, qui favorise naturellement une faible profondeur de champ, a permis d’utiliser une ouverture moyenne f/6.3, tout en détachant suffisamment le sujet de l’arrière-plan.
L’utilisation du mode d’exposition manuel est souvent interprétée comme un réglage d’expert, voire de professionnel. Il est en effet difficile de régler à la fois l’ouverture, la vitesse et la sensibilité. Mais les boîtiers d’aujourd’hui offrent la possibilité d’adapter la sensibilité automatiquement en fonction de la cellule, ce qui laisse plus de latitude pour se concentrer sur les deux paramètres clés dans la réussite de ses images.
Photos Gérard David
Gérard David anime les stages et voyages animalier à la Nikon School
Retrouvez-le lors du stage Faune et Lumière de Montier en Der, qui a lieu en prélude du festival, du 13 au 16 novembre prochain, ou lors des sorties photo pendant le festival : Montier comme vous ne l’avez jamais vu.