Joel Marklund est l’un des ambassadeurs européens de Nikon. Il était sur les lignes de touche pour capter chacun des moments chargés en adrénaline de la dernière Ligue des champions de l’UEFA. En plein dans l’actualité du moment, il nous raconte les coulisses de cet événement pour un photographe professionnel.
Il nous a révélé en exclusivité comment il se préparait pour les matchs et prévoyait notamment des solutions de déclenchement à distance. Il nous a expliqué comment il gérait la pression liée à l’envoi d’images en temps réel, décrit l’importance de l’emplacement de l’appareil et d’une approche créative, mais aussi donné le secret de la réalisation de photographies « signature » si prisées.
Au-delà du strass et des paillettes
Joel était placé à quelques mètres seulement de certains des footballeurs les mieux payés au monde – le rêve de tout jeune amateur de football. Aux yeux de Joel, c’est « un grand chaos ». Quelque 160 photographes rivalisent sur le terrain pour réaliser la meilleure photo. Joel doit travailler dur pour se distinguer de ses concurrents.
C’est aussi l’une de ses plus longues journées de travail de l’année : « J’ai pris un avion à 5 heures du matin et ne suis pas retourné à mon hôtel avant 4 heures le matin suivant », nous dit-il. Il a pris soin d’arriver au stade San Siro de Milan six heures avant le coup d’envoi pour prendre ses repères, trouver ses angles et préparer son matériel. Joel a ensuite pris des photos pendant tout le match, y compris pendant les 30 minutes de prolongation et la séance de tirs au but.
L’emplacement est déterminant
Joel cherche toujours à avoir une photo du joueur qui marque le but décisif, du capitaine de l’équipe gagnante et de l’entraîneur. L’inconnue est l’endroit où il se trouvera sur le terrain. « Quand j’arrive dans un stade, je ne sais pas où je serai placé », explique Joel. Les agences prennent généralement les meilleurs emplacements. « Les agences AP, Reuters et Getty ont chacune cinq photographes avec lesquels il est compliqué de rivaliser ». Il existe aussi une hiérarchie, qui détermine votre emplacement sur le terrain.
Le conseil de Joel : arriver tôt, se préparer et régler tous les détails qui peuvent l’être. Il recommande également de bien réfléchir à l’endroit où il faudra se trouver à la fin du match. Il essaie de prévoir l’issue du match, l’endroit où les supporters seront installés et quelles seront les photos à ne pas manquer à l’issue du match. Pour la finale, Joel avait prédi la victoire du Real Madrid et choisi de suivre ses supporters. Il s’est donc positionné sur le côté long, près de l’un des points de corner.
Savoir transformer un inconvénient en avantage
Si vous n’obtenez pas l’emplacement idéal, la créativité peut permettre de compenser ce désavantage. Son ingéniosité et son expérience ont ainsi permis à Joel de pallier à son emplacement peu avantageux. Prenons l’exemple de la photo de la remise du trophée. Alors que tous les autres photographes se tenaient debout près du podium, Joel a choisi de s’assoir par terre. Quand Ramos a brandi la coupe, Joel fut ainsi le seul à avoir une photo du capitaine du Real Madrid sans l’ombre du trophée en argent sur son visage.
Joel a également réussi une photo inédite des joueurs pénétrant dans le stade. « Je savais que l’endroit était étroit et qu’il me fallait être devant. Il m’a fallu courir et passer sous une corde pour y parvenir. J’étais à deux mètres quand ils sont entrés, assis par terre et tourné vers le haut. Nous sommes peu nombreux à avoir fait cette photo.
Des yeux partout : l’avantage des appareils qui se déclenchent à distance
Il y a une grande pression pendant la finale de la Ligue des champions. « Vous ne pouvez pas vous permettre de manquer quoi que ce soit. Or, il se passe beaucoup de choses. » Pour cela, il utilise notamment des solutions de déclenchement à distance.
Pour avoir des yeux partout à tout moment, Joel a doté deux D4S d’un système de déclenchement à distance. Cela peut servir quand on ne bénéficie pas d’un emplacement idéal. « Vous avez une chance sur deux d’être du bon côté », explique Joel, « mais grâce à mes systèmes de déclenchement à distance, j’ai pu couvrir les cages des gardiens ».
« Les solutions de déclenchement à distance sont de plus en plus couramment utilisées. La technologie n’est pas récente, mais de plus en plus de photographes y ont recours. » On attend aujourd’hui des photographes qu’ils captent des moments précis, immortalisés sous tous les angles. Le déclenchement à distance aide les professionnels comme Joel à réaliser des images telles que des photos grand angle prises au ras du sol derrière la cage du gardien, ou encore à capturer l’effervescence déclenchée par un but.
Du déclenchement à la rédaction en l’espace de 120 secondes
Autre changement majeur intervenu ces dernières années pour les photographes de sport : les attentes relatives à la rapidité de transmission des photos. La diffusion des journaux « en direct » va de pair avec des reportages en temps réel.
« Pour moi, le temps de traitement est de deux minutes. La plupart du temps, pour les grands événements comme celui-ci, j’envoie mes photos aussitôt. Je les modifie manuellement sur le Nikon D5. Tout étant diffusé en direct, les photos doivent elles aussi être transmises en temps réel. »
La rédaction s’attend à recevoir les clichés dans sa boîte de réception en temps réel. C’est pourquoi Joel a manqué les prises de vue d’avant-match. « Avant le match, nous avions des problèmes de connexion Ethernet. » En temps normal, je me serais intéressé en priorité aux supporters, mais le problème était tel que je voulais m’assurer qu’il soit résolu », précise-t-il.