Le peuple Himba, une culture millénaire par le regard d’Alexandre Sattler

Reportage

Alexandre Sattler n’est pas seulement un photographe, il est un témoin de la beauté du monde et de ses habitants, depuis 15 ans il parcourt la planète en sublimant ses rencontres de son œil aguerri. Lorsque l’occasion s’est présenté à lui, cet amoureux de l’Asie n’a pas hésité une seule seconde à changer de décor pour se rendre en Afrique, sur cette terre légendaire qu’est la Namibie, afin de partir à la rencontre du peuple Himba.

Les Himbas sont des pasteurs semi-nomades qui vivent au nord de la Namibie, principalement dans la région de Kaokoland, ce qui signifie “terre lointaine”, et ce depuis l’arrivée des colonies allemandes et hollandaises. Malgré le fait qu’ils aient été contraints de se réfugier sur cette terre aride, les Himbas ont toujours perpétué leurs traditions ancestrales.

Leurs ancêtres sont issus de la tribu Héréros, toujours présente en Namibie mais ayant fait le choix de la vie moderne suite à l’évangélisation forcée des colonisateurs européens. Pourchassés et dépouillés de leur principale richesse, leurs troupeaux, ils n’eurent guère de choix que de devenir des chasseurs cueilleurs, un véritable déshonneur pour ce peuple si fier de son mode de vie et en constante communion avec la nature. C’est à cette époque que les plus courageux d’entre eux, fidèles à leurs traditions, prirent le nom de Himba qui signifie “mendiants”. Malgré toutes ces épreuves, ces derniers ont toujours réussi à reconstituer les troupeaux qui les caractérisent et qui font d’eux des éleveurs dévoués à leur bétail.

Si les Héréros sont aujourd’hui vêtus et ont abandonnés le mode de vie nomade, les Himbas quant à eux privilégient la quasi nudité. Un simple pagne en peau de chèvre recouvre les sexes des adultes, mais les poitrines sont laissés libres à la vue de tous. Les Himbas sont animistes et vénèrent particulièrement leurs vaches : il n’y a rien de plus honorable pour une femme Himba que de se parer dans le but de ressembler à une vache rousse, reconnues pour être les plus robustes et les plus fertiles.

Bien que certains hommes aient fait le choix de porter des vêtements tout en perpétuant leur mode de vie traditionnel, les femmes tiennent particulièrement à respecter ce que leurs mères leur ont légué. Ce sont elles les propriétaires des troupeaux de vaches et de chèvres, qui sont transmis de mère en fille. La tradition veut également qu’elles lèguent un coquillage blanc en guise de parure, symbole important de la fécondité.

Les femmes sont très coquettes et passent plus de trois heures chaque jour à se préparer. Bien qu’elles n’aient aucun problème avec la nudité, elles restent pudiques et prennent soin de ne jamais dévoiler leurs chevilles : la partie du corps la plus intime chez les Himba, qu’elles cachent à l’aide de bijoux. Les femmes les plus aisées peuvent supporter jusqu’à 25 kilos d’ornement tel des bracelets, des colliers ou des couvre-chefs.

Les femmes Himba n’ont pas le droit d’entrer au contact de l’eau tout au long de leur existence. Si cela peut nous paraître impensable, il faut savoir que l’hygiène est un aspect très important des rituels quotidiens auxquels s’adonnent les femmes. Tout leur corps est enduit d’une poudre d’ocre, un mélange d’hématite et de graisse animale qui les protégera du soleil, de la sécheresse ou encore du froid. Elles prennent également soin d’utiliser des écorces parfumées et s’en servent de fumigation afin d’assurer leur propreté intime. Les cheveux sont également enduits d’ocre dès l’âge adulte. Les jeunes filles arborent des tresses coiffées vers l’avant de visage, tandis que les jeunes épouses vont fièrement arborer leurs nattes rouges peignées en arrière.

Les hommes quant à eux, attendent le passage à l’âge adulte représenté par la circoncision au cours de leur adolescence, pour se coiffer d’une grande tresse au sommet du crâne. Dès lors, ils sont responsables du bien-être des troupeaux et les emmènent paître ou s’abreuver, tandis que les femmes restent au village pour s’occuper des enfants, de la nourriture ou des tâches domestiques.

Les Himbas se nourrissent principalement de mil, de farine de maïs et de lait, ils ne sacrifient les bêtes que lors des grandes occasions ou pour accueillir un ami venu de loin. La qualité de l’accueil est très importante pour eux, et ils ne reculent devant rien pour faire plaisir à leur invité. On verra par exemple, un homme Himba offrir à un étranger ami de “dormir” avec sa femme dans leur lit conjugal, en guise de cadeau de bienvenu. Tous les Himbas sont polygames et peuvent avoir plusieurs épouses. Certaines femmes peuvent également changer de lit si elles le désirent et si leur mari donne leur accord.

Leur culture unique, vieille de 5000 ans, est sans cesse menacée par la progression du monde moderne et du tourisme de masse. Leur avenir est incertain et on ne recense aujourd’hui plus que 10 000 Himbas en Namibie. Certains des enfants qui sont allés à l’école et qui sont donc considérés comme éduqués, choisissent de quitter la tribu pour se sédentariser. Chaque Himba est libre de faire ce choix une fois devenu adulte, mais un retour en arrière est peu envisageable après une telle décision.

Alexandre Sattler est allé à leur rencontre dans le plus grand respect, en apportant des sacs de farine de maïs financer par l’association Regard’Ailleurs pour l’association Kovahiba afin de soutenir une cantine scolaire et d’aider ainsi les enfants de l’école M’Kapika au village Omuhonga. C’était également l’occasion de partager un instant mémorable pour tous : la projection du film “les Himbas font leur cinéma” réalisée par Solenn Bardet. Ces derniers sont passés derrière la caméra afin de témoigner de leur mode de vie selon leur propre point de vue, dans le but de faire cesser les projections que les touristes blancs portent sur leurs coutumes, à savoir une idéalisation de la vie nomade, loin de la réalité difficile de leur quotidien.

Merci à Flora Deschamps pour le texte.

Alexandre Sattler

Que ce soit pour la photographie ou la radio, son studio est le terrain sur lequel il évolue avec son regard curieux et ses oreilles attentives aux rencontres et aux différences.

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  1. Rifait jl dit :

    Magnifiques reportage merci.

  2. PLACIDE dit :

    Bravo pur ces superbes images. J’ai voyagé dans mon salon ce matin!
    Il y a une belle lumière d’espoir et de vie dans tous ces portraits.
    Un seule envie c’est de faire les mêmes rencontres.