Ancien assistant de Dominique Issermann, Richard Avedon et Peter Lindbergh, Marcel Hartmann a su en trente ans de carrière imposer son talent photographique. Sous le glacis des images, des histoires d’amitié et de confiance avec ses modèles. Portrait d’un artiste talentueux que Nikon accompagne.
La carrière de Marcel Hartmann est inspirante. Né d’une famille d’artistes peintres, ce photographe d’origine allemande, dont les portraits captent l’âme de ses modèles et des instants d’inimité, a fait ses classes auprès des grands maîtres du XXème siècle, côtoyé les icônes et les plus grandes stars, exploré les univers de la mode, de la musique, de la publicité, du sport et surtout du cinéma et des plateaux de tournage. Sa vie est ainsi jalonnée de rencontres et d’opportunités, ponctuées par des étapes clés qui ont déterminé sa carrière. Entre images léchées et anecdotes cocasses se dégage le caractère d’un homme plein d’attention et d’humilité.
À la rencontre des mentors
Marcel Hartmann s’est passionné dès l’enfance pour la photographie, muni de son tout premier appareil, un Nikon FE. Car entre lui et la marque japonaise, c’est aussi une longue histoire. S’il a débuté avec le photographe indépendant Helmut Claus, son initiateur, c’est à Paris, au studio Pin-Up, que sa carrière s’est engagée. « Je suis arrivé comme dans les films », raconte Marcel Hartmann « avec ma valise, mon Nikon F3, quelques objets importants et une queue de billard car j’y jouais beaucoup ». Très vite l’univers de la mode est entré dans sa vie, avec pour guides des maîtres absolus, Peter Lindbergh, Richard Avedon ou Irving Penn, tout en côtoyant d’autres grands noms, tels Guy Bourdin avant sa mort, Albert Watson ou encore Lord Snowdon. « En 1988, le monde de la mode était une période incroyable » se remémore-t-il « il y avait encore de l’argent, de la liberté et des possibilités ».
Mais c’est avec Dominique Issermann qu’il a cerné les exigences du métier. Assistant de la photographe française pendant deux ans, il a appris « à tout approcher, à ne rien lâcher et à ne jamais avoir peur », avant de collaborer avec Jean-Paul Gaultier sur des défilés haute couture hommes et de prêt-à-porter femmes. De ses missions les plus mémorables, il offre des images esthétiques à la fois racées, délicates et pleines de séduction, illustrant les plus grands magazines d’hier et d’aujourd’hui, comme 20 ans, L’Optimum, Vogue, Madame Figaro, Vanity Fair et tant d’autres. Immortaliser le concert de U2 à Las Vegas et enchaîner avec Leonard Cohen à Santa Monica faisaient partie des possibilités folles. Les couvertures de BHL et de Daniel Auteuil pour L’Optimum lui ont ouvert les portes du monde des stars françaises et internationales.
Créer des liens de proximité
Mode, musique, publicité, sport, cinéma, tous ces mondes se sont ainsi entrecroisés devant son objectif empathique. Si Hartmann a exploré près de dix ans la fashion sphère, il s’est toujours senti comme « un enfant du septième art ». Entre lui et le Festival de Cannes, c’est aussi une longue histoire d’amour, à l’image de ses portraits de stars placardés en format géant sur la croisette en 2011. Sa force, c’est d’avoir su maîtriser très tôt les systèmes de caméra, de parler plusieurs langues, d’être parfaitement autonome. Mais surtout, les stars ne l’ont jamais impressionné. C’est ici que réside finalement tout le secret ; il s’agit de rencontres, de simplicité, de faire place à l’humain. La technique passe dès lors au second plan. « Ce n’est pas l’appareil qui fait le photographe » formule-t-il, même si entre le D5 et le D850 de Nikon, son cœur balance toujours.
À l’instar de ses mentors, ses clichés s’éloignent des portraits figés et conventionnels. La posture et les expressions se fondent dans des jeux de lumière, de miroir, de texture, de noir & blanc et de couleurs au sein d’une scénographie pensée et soignée. Ses modèles s’abandonnent alors pour révéler des facettes étonnantes qui se font tour à tour sensuelles, pudiques, enjouées, rêveuses, charismatiques. Cette poésie alliée à ce lâcher prise durant ses séances naissent d’une relation de confiance et d’amitié. Hartmann se décrit d’ailleurs plus comme un artisan que comme un artiste, un psychologue avec un appareil dans la main qui laisse surgir le naturel et l’émotion. « Quand je prends une photo, c’est un risque calculé, une scène de théâtre (en studio ou en extérieur). J’aime la spontanéité. Je me laisse de temps en temps influencer par mes pairs et d’autres grands maîtres, comme Erwin Blumenfeld, Helmut Newton ou William Klein, mais j’ai toujours peur de me dire que les meilleures photos sont déjà faites. Même les miennes ».
Portraitiste dans l’âme
Si Marcel Hartmann se sent plus proche de grands photojournalistes, comme Henri Cartier-Bresson, Josef Koudelka ou Brassaï, ce qu’il garde de ses mentors, c’est « la gentillesse de Peter Lindberg, la facilité qu’il reflétait sur un shooting où tout était un jeu », mais aussi « la classe de Irving Penn ou de Richard Avedon avec lequel il avait rendez-vous avec l’histoire ». Tout au long de notre entretien avec lui, il a évoqué, avec un brin de nostalgie, cette grande époque (1980-1990) où tout était plus libre, et le passage de la pellicule à sa première photo en numérique avec Catherine Deneuve au Festival de Marrakech : « Aujourd’hui, les talents sont entourés d’attachés de presse, d’agents, etc. Les maîtres utilisaient souvent les grands angles, c’était sublime. Maintenant, lorsqu’on veut prendre des risques avec d’autres optiques ou moyens, on peine à les faire accepter ou à faire valider les photos. Nombreux sont les interlocuteurs à décider si une photo est bonne ou non ».
Pour autant, en trente ans de carrière, cet homme d’action s’est créé un portfolio vertigineux. Parmi ses rencontres inoubliables, il cite Kirk Douglas pour « un rendez-vous avec l’âge d’or hollywoodien, avec Spartacus », et Gregory Peck avant sa mort : « J’ai encore du mal à le croire. C’était à Cannes. Ma mère pleurait de joie au téléphone tellement il était l’amour et l’acteur de sa vie ». Il évoque aussi sa rencontre monumentale avec Emir Kusturica : « On se sent un peu un reporter de guerre avec lui. C’est du vrai, du gitan, c’est organique! ». Dans ses nombreux portraits, il a immortalisé des réalisateurs mythiques (Steven Spielberg, David Cronenberg, Martin Scorsese, Jacques Audiard, Jim Jarmusch…) et des visages captivants de stars (Robert de Niro, Jeff Bridges, Julianne Moore, Vincent Cassel, Mads Mikkelsen…). Plus récemment, il a travaillé avec Isabelle Adjani, Mylène Farmer, Gianluigi Buffon ou encore Benjamin Biolay qu’il a suivi pendant sa tournée.
Marcel Hartmann écoute ainsi son « ventre », en gardant « ce petit côté Peter Pan ». Star ou non, il les observe et tente de leur rendre hommage : « J’aime rendre les gens beaux et le cinéma m’a toujours fait rêver. C’est une pierre que je peux apporter ; photographier ces icônes modernes, à ma façon ».
Magnifique!
Un vrai talent
super beau travail
Superbes clichés; comme je les aimes, les portraits….
Beautiful