Quatrième et dernière étape de l’expédition Adaptation pour Christian Clot. Après le désert d’Iran, l’Amazonie et la Patagonie, il va vivre 30 jours en Sibérie entre la Lena et les monts Verkhoïansk par -60C°. Avec Mélusine Mallender (Caméraman) et moi même (Photographe de l’Agence Zeppelin) nous accompagnons Christian les trois premiers jours de son périple pour documenter son aventure.
« Nous sommes d’abord arrivés à Yakutsk, en Sibérie centrale. Ville industrielle de plusieurs dizaines de milliers d’habitant, c’est ici que l’on peut vivre les hivers les plus terribles de la planète. Jusqu’à – 65C°. Pourtant la vie continue. L’activité de cette ville est étonnante. Tout a été adapté au froid extrême. Les voitures sont protégées et modifiées pour être chauffées, les magasins n’ont pas de vitrines pour éviter perte de chaleur et les tuyaux de gaz cours le long des rues. »
« Nous partons de Yakutsk à l’aurore par une journée, relativement chaude : – 38C°. À bord d’un van datant de l’Union Soviétique nous sommes parties pour 9h de piste et de rivière gelées dans un état chaotique ! Bien que la route soit droite, nous nous sentions remués comme dans un bateau dans la tempête. À notre arrivé, une moto neige nous attends pour nous amener sur quelques kilomètres jusqu’au point de départ de l’expédition. »
« Ce climat froid et sec est pour moi le plus difficile des climats que nous avons rencontré. Contrairement aux autres milieux, il n’y a jamais un moment de répit. Le froid est omniprésent, il n’y a pas d’autre échappatoire que de le supporter, jour et nuit, dans les moments de souffrance et de difficulté. Heureusement, nous sommes bien équipés pour faire face à ces conditions. Nous additionnons les premières couches en mérinos avant de couvrir le tout d’une parka spécialement conçu pour ces climats. »
« Les appareils tiennent incroyablement bien la charge par ces températures. Je ne change que deux ou trois fois celle du D500 et une à deux fois celle du D5 par jours. La magie des batteries lithium s’opère et lorsque je les réchauffe contre mes premières couches elles retrouvent leur chargement initial. Je suis aussi agréablement surpris du fonctionnement de l’appareil. Contrairement à mon expérience au Groenland avec d’autres appareils, les cristaux liquides ont montré que très peu de signe de faiblesse… »
« La dernière question reste la manipulation des appareils. Est-ce qu’une photo vaut un doigt ? Jusqu’à – 25 C° il est possible de travailler avec plusieurs sortes de gants mais au-delà, les pièces métalliques de l’appareil et le vent viennent vous mordre les doigts et vous les arracher si vous ne vous protégez pas. Après avoir beaucoup essayé et prospecté, la seule solution viable qui permet de travailler correctement à ces températures reste le gant en peau de phoque qu’utilisent nos amis groenlandais, accompagné dans les froids les plus extrêmes d’un gant en soi. Cette combinaison permet un maniement total de l’appareil, ainsi que d’utiliser le gant en soi seul quelques secondes en cas de manipulation complexe. À ces températures, un doigt nu au contact du métal plus de 10 secondes vous brûle et devient quasi impossible à réchauffer. Christian a d’ailleurs fait aussi ce choix tout au long de l’expédition. »
« Après trois jours à documenter son périple nous l’avons donc laissé seul, face à la nature et les éléments. À son retour, il effectuera tous les examens nécessaires pour terminer cette première étude sur l’adaptation de l’humain en condition extrême. Chapeau. »
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