Alex Buisse, photographe aventurier spécialiste de la haute montagne nous raconte en mots et en images son dernier projet photographique centré sur les athlètes réfugiés africains qui ont concouru aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Un reportage qu’il revendique comme positif. Il souhaite ainsi montrer que les réfugiés ne sont pas que des victimes mais aussi des personnes acteurs de leur propre destin.
Mars 2016 – Je reviens d’une longue expédition combinant alpinisme et voile en Patagonie. Mon dernier projet majeur, sur les secours en montagne du PGHM de Chamonix, vient de s’achever. Il est temps de trouver une nouvelle histoire à raconter à travers mes images.
Erin, ma compagne, a travaillé au Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU. Elle me parle d’une équipe de réfugiés qui va participer aux Jeux Olympiques de Rio sous le drapeau olympique. Voilà l’occasion parfaite de combiner sa connaissance des questions humanitaires et ma pratique de la photographie sportive.
« L’occasion de faire un reportage sur les réfugiés qui soit entièrement positif »
L’occasion de faire un reportage sur les réfugiés qui soit entièrement positif, qui ne les considère pas comme des victimes mais comme des personnes acteurs de leur propre destin. Dans notre cas précis, comme des athlètes de haut niveau !
Mai 2016 – Pour des raisons logistiques, nous décidons de nous concentrer sur les réfugiés actuellement au Kenya. Ils viennent principalement du Soudan du Sud, de la Somalie, d’Éthiopie et du Congo. Environ 25 athlètes ont déjà été sélectionnés dans les camps de Dadaab et Kakuma. Ils s’entraînent depuis des mois à Nairobi, dans la structure d’une ONG locale : la Tegla Loroupe Peace Foundation.
Trois semaines au Kenya
Nous passons trois semaines au Kenya, d’abord aux alentours de Nairobi, dans le centre de Ngong. Outre les compétitions locales dans le stade national de Nyayo, nous pouvons voir les conditions spartiates dans lesquelles les réfugiés vivent et s’entraînent.
Puis nous partons quelques jours dans le camp de Dadaab. Une entreprise dangereuse en raison de la proximité avec la Somalie et de la présence de militants d’Al Shebab dans le camp. Ils ne nous laissent nous déplacer qu’en convois blindés et nous empêchent de rester au même endroit pendant plus de 2 à 3 minutes. Il faut donc travailler vite.
Rio 2016
Août 2016 – Pour la deuxième partie du projet, nous partons au Brésil. Sur l’équipe de 10 athlètes, 5 viennent du Kenya, tous en athlétisme. Nous les connaissons maintenant bien : Rose et Anjelina du côté féminin (800m et 1500m, respectivement), James, Paulo et Pur côté masculin (400m, 1500m et 800m).
Aucun d’entre eux ne réussit à se qualifier pour sa finale respective. Mais les voir représenter la nation des réfugiés avec autant d’honneur et de dignité nous emplit de fierté. C’est également pour moi une occasion unique de photographier les légendaires Jeux Olympiques avec le Nikon D5 et les téléobjectifs Nikkor.
Octobre 2016 – Notre reportage n’est pas fini : nous partons dans quelques jours pour un dernier voyage au Kenya. Il s’agit de comprendre ce que les jeux ont pu changer pour les athlètes eux-mêmes ; mais aussi pour les réfugiés de manière plus générale.
Nous souhaitons interviewer la génération suivante qui se prépare déjà aux championnats du monde. Et pourquoi pas pour les jeux de Tokyo 2020 !